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Juridiction et théologie morale ?
lundi 26 février 2007, par
Monsieur l’abbé,
Suite a vos réponses postées sur votre blog traitant de juridiction de suppléance, je vous serais reconnaissante de bien vouloir éclaircir le problème suivant : si les prêtres de la FSSPX ont un pouvoir de juridiction de suppléance, compte tenu de la crise de l’Église, cela veut-il dire qu’un supérieur de district et l’un de ses confrères ont le droit et le pouvoir d’interdire a une fidèle d’assister a la Messe et de recevoir les sacrements dans les chapelles de la FSSPX, pour cause son manque de port de foulard a la Messe, malgré quelques demandes préalables à ce qu’elle en mette un ? N’est-ce pas aller trop loin, s’appropriant même le droit d’excommunier quelqu’un ?
Après tout, même si ces prêtres ont charge d’un district ou d’une chapelle, ont-ils quelque réel pouvoir sur ses fidèles ? Est-ce normal que, sous prétexte que tel ou tel fidèle ne leur reconnaît pas de droit de juridiction, que quelques abbés envoient promener une telle en la laissant, elle et sa famille sans Messe et sacrements ?
Bien respectueusement,
Mme Jackson
ANGLETERRE
Juridiction et théologie morale ?
26 février 2007 19:31, par Abbé Philippe Laguérie
Chère Madame (God bless you !),
Votre question est double et je crois que vous en mélangez les deux termes. Il y a la question de juridiction et celle de la théologie morale.
Que mes confrères qui utilisent une véritable juridiction de suppléance aient un réel pouvoir sur leurs fidèles est une évidence. Qu’elle soit hiérarchique ou supplée, la juridiction donne un vrai pouvoir par la raison qu’elle consiste exactement en cela. La juridiction est le fait de placer des fidèles sous le pouvoir d’ordre reçu par l’ordination.
Mais c’est bien la question morale qui fait problème. La théologie est très précise sur ces questions de tenues vestimentaires et autres. Que les prêtres rappellent comme il convient les règles de la modestie chrétienne à leurs fidèles est tout à fait normal et juste. Encore que la plupart du temps une simple remarque en privé suffise là où le « curé » va tonitruer en chaire quand il ne vise pas les personnes ou donne des noms. Entre trente années, bientôt, de ministère je n’ai jamais vu de femmes qui ne rectifient leur accoutrement à une remarque douce et précise…
Pour refuser la communion à quelqu’un, il faut qu’il soit pécheur public. Un point c’est tout. C’est-à-dire en état de péché et notoirement connu comme tel. Sauf scandale évident et imminent dans la tenue (ébriété, grossièreté, indécence choquante, cris et coups…) c’est le seul motif reconnu par la théologie pour refuser la communion à un catholique au comportement normal. Ces prêtres qui la refusent pour une tête découverte, à la vue d’un genou ou d’un décolleté convenable feraient bien de prendre garde de ne pas se charger d’une faute bien plus scandaleuse que celle qu’ils ont imaginée…
Quant à chasser quelqu’un du temple (sauf comportement scandaleux comme ci-dessus) ce n’est au pouvoir de personne. Les pécheurs publics ont parfaitement le droit et le devoir d’assister à la messe. Ils ont encore plus besoin du saint sacrifice que les autres parce que le Seigneur est venu pour les pécheurs et non pour les justes. Des places leur étaient même réservées dans les premières basiliques chrétiennes (Narthex) où la pénitence était publique (ce qui n’est plus l’usage).
Les curés qui chassent ainsi leurs fidèles (leur humeur du jour, les enfants qui braillent, leurs ukases en tout genre) auront à rendre compte, au jour du jugement de ces îmes perdues par leur tyrannie. Ils feraient bien de méditer les paroles de l’Apôtre : « il est effroyable de tomber dans les mains du Dieu Vivant ». Car c’est ceux qui « devaient veiller sur leur îmes comme devant en rendre compte » qui les auront perdues par ce sacerdoce même qui devait les sauver…
