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Magistère.

jeudi 29 janvier 2015, par Abbé Philippe Laguérie

Quelques sympathiques forumeurs de ce blog (dont j’ai publié certaines questions) semblent ignorer les nombreuses interventions du Magistère de l’Eglise concernant la question du salut des infidèles. Ou bien croient que ces interventions n’auraient aucune force magistérielle contraignante. Quelle erreur !
Sur cette vaste question, il y a même des points définis par l’Eglise comme la nécessité absolue de la Foi pour le salut. (Conciles de Trente et de Vatican I). Pour se faire une idée de la question, je publie donc la mise au point du Saint Office du 8 août 1949, (lettre à l’Archevêque de Boston) laquelle s’appuie sur l’encyclique du pape Pie XII "Mystici Corporis". Nous aurions tout aussi bien pu renvoyer à la lettre du pape Pie IX à l’Archevêque de Munich-Fresing, du 21 décembre 1863, qui enseigne stictement la même doctrine. Il est hors de doute que la cohérence et la continuité de l’enseignement de l’Eglise sur cette question en font un point de Magistère ordinaire universel, infaillible comme on sait. Même si l’Eglise n’a utilisé son Magistère solennel que sur des points particuliers de ce corpus doctrinal.
On notera en même temps la rigueur et la souplesse magnifiques de cet enseignement de l’Eglise que tout chrétien doit recevoir.

PIE XII : LETTRE DU SAINT-OFFICE :
« HORS DE L’ÉGLISE PAS DE SALUT »

Lettre du Saint-Office à I’archevêque de Boston, 8 août 1949.
Cette lettre vise des membres du St. Benedict’s Center et du Boston College qui donnaient une interprétation rigoriste à la formule "Hors de l’Église pas de salut" (voir *802, note 1) : tous les hommes sont exclus du salut éternel, à I’exception des catholiques et des catéchumènes. L’un des rigoristes, Leonard Feeney, fut excommunié le 4 février 1953.

La nécessité de l’Église pour le salut

...Or parmi les choses que l’Église a toujours prêchées et ne cessera jamais de prêcher se trouve également cette affirmation infaillible qui nous enseigne que « hors de I’Église pas de salut ».
Ce dogme doit cependant être compris dans le sens où l’Église elle-même le comprend. En effet, ce n’est pas au jugement privé que notre Sauveur a confié l’explication des choses contenues dans le dépôt de la foi, mais au magistère de I’Église.

En premier lieu, l’Église enseigne qu’il s’agit en cette question d’un commandement très strict de Jésus Christ. Il a, en effet, imposé expressément à ses apôtres d’apprendre à toutes les nations à observer tout ce qu’il avait ordonné. Parmi les commandements du Christ, celui-là n’est pas le moindre, qui nous ordonne d’être incorporés par le baptême dans le corps mystique du Christ, qui est l’Église, et de rester unis au Christ et à son vicaire par lequel il gouverne lui-même de façon visible son Église sur terre. C’est pourquoi nul ne sera sauvé si, sachant que I’Église a été divinement instituée par le Christ, il n’accepte pas cependant de se soumettre à l’Église ou refuse l’obéissance au pontife romain, vicaire du Christ sur terre.

Or le Sauveur n’a pas seulement ordonné que tous les peuples entrent dans I’Église, mais il a décidé aussi que l’Église serait le moyen de salut, sans lequel nul ne peut entrer dans le Royaume de la gloire céleste.
Dans son infinie miséricorde, Dieu a voulu que les effets, nécessaires pour être sauvé, de ces moyens de salut qui sont ordonnés à la fin dernière de l’homme non par nécessité intrinsèque mais uniquement par I’institution divine, puissent aussi être obtenus en certaines circonstances, lorsque ces moyens ne sont mis en oeuvre que par le désir ou par le souhait. Nous voyons cela clairement énoncé dans le saint concile de Trente au sujet soit du sacrement de la régénération, soit du sacrement de pénitence.

Or il faut en dire autant, à son propre degré, de I’Église, en tant qu’elle est le moyen général du salut. Car pour que quelqu’un obtienne le salut éternel, il n’est pas toujours requis qu’il soit effectivement incorpore à I’Église comme un membre, mais il est au moins requis qu’il lui soit uni par le vœu et le désire.

Cependant, il n’est pas toujours nécessaire que ce vœu soit explicite, comme il l’est chez les catéchumènes, mais, quand l’homme est victime d’une ignorance invincible, Dieu accepte aussi un vœu implicite, ainsi appelé parce qu’il est inclus dans la bonne disposition d’îme par laquelle l’homme veut conformer sa volonté à la volonté de Dieu.

C’est l’enseignement clair de l’encyclique de Pie XII sur le Corps mystique de Jésus Christ. Le souverain pontife y distingue nettement ceux qui sont réellement incorporés à l’Eglise comme ses membres et ceux qui ne sont unis à l’Eglise que par le vœu. ... « Mais seuls font partie réellement des membres de I’Église ceux qui ont reçu le baptême de régénération et professent la vraie foi, et qui, d’autre part, ne sont pas, pour leur malheur, séparés de I’ensemble du Corps, ou n’en ont pas été retranchés pour des fautes très graves par l’autorité légitime ».
Vers la fin de cette même encyclique cependant, invitant très affectueusement à I’unité ceux qui n’appartiennent pas au corps de l’Eglise catholique, il mentionne « ceux qui, par un certain désir et vœu inconscient, se trouvent ordonnés au Corps mystique du Rédempteur », qu’il n’exclut aucunement du salut éternel, mais dont il dit cependant d’autre part qu’ils sont dans un état « où nul ne peut être sûr de son salut éternel... puisqu’ils sont privés de si nombreux et si grands secours et faveurs célestes, dont on ne peut jouir que dans l’Eglise catholique »

Par ces sages paroles, il condamne aussi bien ceux qui excluent du salut éternel tous les hommes qui sont unis à l’Eglise par un vœu implicite seulement, que ceux qui affirment faussement que les hommes peuvent également être sauvés dans toute religion.

Il ne faut pas penser non plus que n’importe quelle sorte de désir d’entrer dans l’Église suffise pour être sauvé. Car il est nécessaire que le vœu qui ordonne quelqu’un à l’Église soit animé par la charité parfaite. Le vœu implicite ne peut avoir d’effet que si l’homme a la foi surnaturelle. [Référence est faite à He 11,6 et au concile de Trente, 6e session, chap. 8 ]

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