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Problème : Qui croire ? Quand le Magistère a-t-il parlé ?

lundi 17 septembre 2007, par Le secrétaire

Dans sa lettre aux Évêques, Benoît XVI affirme qu’avec l’introduction du nouveau Missel, l’ancien "Missel n’a jamais été juridiquement abrogé et que, par conséquent, en principe, il est toujours resté autorisé."

Par ces paroles Benoît XVI désavoue non seulement l’artisan de la Réforme liturgique, Mgr Annibale Bugnini, qui soutint exactement le contraire (cf. A Bugnini, La riforma liturgica 1948-1975, CLV Edizioni Liturgiche, Rome, 1983, pp. 297-299) mais même Paul VI qui à l’occasion du Consistoire du 24 mai 1976 déclarait expressément :

"C’est au nom de la Tradition que nous demandons à tous nos fils, à toutes les communautés catholiques, de célébrer, en dignité et ferveur, la Liturgie réformée. L’adoption du nouvel Ordo Missæ n’est pas laissée certes à l’arbitraire des prêtres ou des fidèles : et l’instruction du 14 juin 1971 a prévu la célébration de la Messe dans l’ancienne forme avec l’autorisation de l’ordinaire, seulement pour des prêtres âgés ou malades qui offrent le Divin Sacrifice sine populo. Le nouvel Ordo a été promulgué pour se substituer à l’ancien, après mûre délibération, suite aux instances du Concile Vatican II.

Ce n’est pas différemment que notre saint Prédécesseur Pie V avait rendu obligatoire le Missel réformé sous son autorité, suite au Concile de Trente. Nous exigeons la même disponibilité, avec la même autorité suprême qui nous vient de Jésus-Christ, envers toutes les autres réformes liturgiques, disciplinaires, pastorales, préparées ces années en application des décrets conciliaires".

Dr Richard Marguelles-Bonnet - 56

Problème : Qui croire ? Quand le Magistère a-t-il parlé ?

17 septembre 2007 19:42, par Abbé Philippe Laguérie

Bien cher docteur,

Le contraste des textes que vous citez est évidemment saisissant et nos lecteurs vous sauront gré de les avoir rapportés. Pour répondre à vos très légitimes questions, il faut distinguer dans le parler des papes. Indépendamment du magistère proprement dit qui obéit à des critères très précis qui ne nous concernent point ici, il faut distinguer entre un texte législatif d’un pape et telle ou telle déclaration (fût-ce-t-elle d’un pape !) qui parle du législatif. Ce n’est pas du tout la même chose ! Le Motu Proprio du 7 juillet, tout comme le décret de Paul VI promulguant la nouvelle messe sont des textes législatifs. Des paroles de Mgr Bunigni ou du pape Paul VI (même en consistoire) tout comme la lettre d’accompagnement du Motu Proprio destinée aux évêques et publiée en même temps, n’en sont pas. Un point, c’est tout. Les premiers ont force de loi, les autres non.

On sait que dans la constitution de Paul VI promulguant le N.O.M., aucune mention n’est faite de l’abrogation de la messe traditionnelle et que, par conséquent, cette abrogation n’a pas eu lieu. Que Mgr Bugnini ou le Pape Paul VI aient semblé dire le contraire ou l’aient dit, par après, ne saurait en rien modifier la législation. Si Rachida Dati déclarait aujourd’hui que la peine de mort n’a pas été abrogée par Badinter, est-ce que cela la rétablirait pour autant ? Si Simone Veil, qui n’est pas si loin de son jugement particulier est prise subitement de terrifiants remords au souvenir des millions de morts qu’elle a causés [200 000 x (2007-1973) : 6 800 000] déclarait brusquement à la presse que cette loi inique n’est pas valide, est-ce que cela interdirait demain à toute femme française de tuer son enfant en toute légalité ? Vous voyez bien, cher docteur, qu’un texte législatif a seul force de loi et que les paraphrases périphériques n’y sauraient rien changer, d’où qu’elles viennent.

Pour revenir à nos affaires : les textes législatifs de Paul VI ont bel et bien promulgué la nouvelle messe (malheureusement) et en rien interdit l’ancienne (heureusement). Les déclarations subséquentes ne changent rien à l’affaire, comme aurait dit Molière.

De même, le Motu Proprio du pape Benoît XVI est seul législatif et sa lettre d’accompagnement, pour respectable qu’elle soit, ne l’est absolument pas. Le premier est une norme obligatoire pour toute l’Eglise, la seconde est un geste pastoral du pape régnant pour faire accepter le premier à bon nombre d’évêques assez mal disposés, il est vrai. Ne mélangeons pas tout.

La réponse à votre question est donc toute simple : c’est à bon droit que le pape Benoît XVI peut dire (dans son texte législatif, vous l’aurez remarqué) que la messe traditionnelle n’a jamais été abrogée… parce qu’elle ne l’a jamais été ! Ni les déclarations contraires les plus fracassantes, ni l’ostracisme scandaleux des faits (ceux-ci au nom de ceux-là, bien sûr) n’y peuvent rien changer.

Morale de cette histoire ? Une société est sagement gouvernée par des lois (sages elles-mêmes) et non par des déclarations ; et s’il faut choisir, c’est vite vu.

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