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"Ralliés" à l’Église "conciliaire"

vendredi 9 février 2007, par Le secrétaire

Monsieur l’Abbé,

Jeune fidèle tradi, je vous respecte parce que vous êtes un prêtre tradi. Toutefois, ce respect empêche-t-il une critique (pas méchante) ?

Voilà : vous avez obtenu de Rome votre intégration dans le giron "Ecclesia Dei" et avez fondé l’IBP. Et comme toutes les communautés tradies "ralliées" (le mot est polémique, mais je n’en trouve pas d’autre), vous semblez vous réjouir de ce statut. Celui-ci vous donne une légitimité, que n’a pas la FSSPX, toujours officiellement hors de l’Eglise.

Le problème, c’est que les prêtres tradis qui sont issus de Mgr Lefebvre et qui se rallient, finissent souvent par "oublier" d’où ils viennent.

Mgr Lefebvre, on n’ose plus trop en parler : on n’ose plus se réclamer de lui. Cela fait un peu tâche, alors qu’on est officiellement rallié à Rome. Du coup, on ne se revendique plus de lui (alors que sans lui, il n’y aurait ni FSSPX ni IBP ni plus rien du tout).

D’un autre côté, je constate que les prêtres tradis "ralliés" adoptent une tendance toujours de plus en plus "conciliaire" : on maintient bien sûr au départ la messe de toujours, on continue à condamner le modernisme dans l’Eglise, mais peu à peu, on n’ose plus trop appeler les choses par leur nom : on ne se permet plus de dire que le concile a été une catastrophe qui a été l’origine de la messe réformée et de tout cet oecuménisme scandaleux dont se gargarisent les Jean-Paul II et Benoit XVI.

On maintient la messe de toujours, mais plus un mot sur le scandale du concile, sur le scandale de la repentance des derniers papes, sur le scandale de Benoit XVI à la mosquée, sur tout cet oecuménisme que l’on ose plus appeler par son nom.

Je vous dit cela parce que je suis inquiet. Avant son "ralliement", un prêtre parisien, désormais à l’IBP, ne se gênait pas de dire la vérité sur l’Eglise conciliaire.
Aujourd’hui, sur Radio courtoisie, il dit que "Benoit XVI est un tradi" (sic) ! comprenez : arrêtons le combat, les choses vont mieux, on a presque gagné puisque le pape est avec nous !

alors qu’il n’y a qu’à lire les discours ahurissants de Benoit XVI pour observer l’inverse dans tous les domaines.

Je me fais du soucis, car la pente qui vous menace, ainsi que l’IBP, c’est de finir comme la Fraternité Saint Pierre : on finit en bi-ritualisme, on finit par accepter le concile et toutes ses erreurs.

Mgr Lefebvre avait bien raison de ne jamais faire de concession à l’Eglise conciliaire (employez-vous encore cette expression, où vous considérez-vous désormais comme faisant partie de l’Eglise conciliaire ?).

Moi je reste fidèle à Mgr Lefebvre, profondément déçu par Benoit XVI qui avait fait naître beaucoup d’espoir dans les rangs des tradis en 2005, lors de son élection.

Fidèle à Mgr Lefebvre, non pas en raison de la messe (la liturgie n’est qu’une une conséquence), mais par refus du concile. Oui, Williamson a raison quand il dit qu’"un gâteau en partie empoisonné finit tout entier à la poubelle" : le concile est peut-être seulement en partie empoisonné, mais l’Eglise ne peut tolérer une vérité qui serait corrompue par seulement 5 % d’erreur.
Le concile ne peut pas être interprêter à la lumière de la Tradition. Il n’y a qu’à le lire pour voir qu’il est tout entier maçonnique. Vous le savez très bien, Monsieur l’Abbé. Il y a quelques années vous osiez tenir un langage clair. Soit c’est la Tradition, soit c’est Vatican II. Il faut choisir.

J’espère donc que votre "ralliement" ne se fera pas au détriment de votre fidélité à Mgr Lefebvre ni à son refus du concile et des erreurs professées par Benoit XVI dans sa fidélité au concile.

j’espère que votre "ralliement" sera une tribune grâce à laquelle vous pourrez dénoncer tout haut les agissements d’un clergé concilaire pourri de haut en bas, un porte-voix grâce auquel vous pourrez réfuter toutes les erreurs de l’Eglise conciliaire, comme vous le faisiez il y a quelques années.

Ne finissez pas comme la Fraternité Saint Pierre : des bénis oui-oui de Rome qui sont assis entre deux chaises : à la fois tradis, à la fois conciliaire.

Ce n’est pas la messe qu’il faut sauver, mais le concile qu’il faut dénoncer. Et ne pas hésiter à dire la vérité sur le pape et ses évêques.

Je vous salue respectueusement, Monsieur l’Abbé, et espère que l’Eglise survivra à la crise qui est la sienne et dont nous connaissons les causes.

Merci, Monsieur l’Abbé, de m’avoir lu.

Marc Koenig - Versailles

IBP et le Concile

9 février 15:20, par Abbé Laguérie

A Monsieur Marc Koenig,

Votre message-question comporte quatre fois l’expression rallié ou ralliement et trois fois celle d’église conciliaire. C’est tout un programme et l’expression affichée d’une théologie particulière ; en tous cas d’une grande peur. Voyons si elle est légitime.

Quand Mgr Lefebvre, de vénérée mémoire, employait l’expression d’ "église conciliaire" il avait soin de préciser que ni l’expression ni le concept n’était de lui, bien au contraire ! Sachez, pour le cas où, que l’expression est du Cardinal Benelli et que Mgr Lefebvre la tenait pour ce qu’elle est : une monstruosité théologique. Comme vieux lefebvriste qui n’a de leçon à recevoir de personne en ce domaine, je tiens à vous faire savoir que l’église conciliaire n’existe pas, n’a jamais existé, et Dieu merci, n’existera jamais. Ouf ! Je me permets quand même de vous signaler, pour le cas où, que je ne connais qu’une seule Eglise fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ, l’Eglise Catholique Apostolique et romaine. Ce dernier point est précisément celui qui est nié par les pires modernistes auxquels vous emboîtez le pas un peu rapidement, sans aucune malice d’ailleurs. Ils nous suggèrent sans cesse un "peuple de Dieu" qui ne serait pas adéquat à l’Eglise de Jésus-Christ. En acceptant ce concept d’église conciliaire vous faites exactement la même chose...

Quant à l’expression "rallié" ou "ralliement" je me permets de vous demander ce qu’elle signifie et je vous serai reconnaissant de m’éclairer là-dessus. Les ralliées sont pour moi ceux qui obéirent à la politique prônée par le pape Léon XIII de faire confiance à la république française malgré toutes les persécutions subies par les catholiques de ce pays. Mon opinion là-dessus n’a aucune importance dans notre débat, même si une vieille éducation me porte plus volontiers à obéir aux papes quand ils proposent la Foi que quand ils pactisent avec les gouvernements. Peu importe.

Vous allez peut-être m’expliquer que "se rallier" signifie, dans la nouvelle théologie, reconnaître le pouvoir de l’Eglise de Rome et sa suprématie sur toutes les autres. Ça tombe vraiment très bien puisque c’est ce que je confesse depuis mon baptême en 1952 en l’église saint Jean Baptiste de Sceaux (92). Je vous souhaite vivement de penser la même chose parce qu’à ce compte tout catholique se doit d’être "rallié" sous peine de risquer son salut éternel...

Mais si vous voulez m’apprendre que "se rallier" c’est accepter l’erreur, rester passif, impuissant, prostré, anéanti devant le Léviathan moderne de l’égout collecteur de toutes les hérésies, alors passez votre chemin : il n’y a rien à voir !

Ou plutôt ouvrez mieux les yeux et surtout les oreilles ; les prêtres de l’I.B.P.sont ceux qu’on entend encore et toujours sur les questions doctrinales tandis que le silence des autres est assez étourdissant. Sous quelles plumes lisez-vous études et mises au point sur les textes de Vatican II ? Dans chaque "Mascaret" et dans chaque "Certitutes"... et oui ! Tandis que répéter toujours, sans textes ni références, ce que nous savons depuis 30 ans, que l’ocuménisme, la collégialité et la liberté religieuse sont scandaleux, ne fait pas beaucoup avancer les choses.

Quant à la liturgie et concernant le péril funeste du bi-ritualisme aucun institut, fut-ce la FSSPX, n’est moralement et juridiquement protégé comme l’I.B.P. Le très mauvais exemple et les difficultés insurmontables des autres viennent de leurs options de départ. Je tiens à vous rappeler que non seulement nous n’avons pas trahi Mgr Lefebvre ni quitté son oeuvre (nous en avons été chassés de façon indigne après 10, 20, 30 ans de bons et loyaux services) mais qu’il apparaît clairement aujourd’hui que le combat du grand prélat est mené à bien par les proscrits...

Ceux qui ont connu de près Mgr Lefebvre savent très bien que s’il avait pu faire le même travail avec l’aval de Rome, il n’aurait pas hésité une seconde. Comment expliquer autrement les centaines, oui les centaines de fois, où il cite comme fondement de son oeuvre le décret d’érection de la FSSPX signé en 1970 par Mgr Charrière, établissant une "Pia Unio" de droit diocésain ? Comme aussi les centaines de fois où il a réclamé, sans succès d’ailleurs, qu’on nous laisse faire l’expérience de la Tradition ?

Les tradis ont vraiment la mémoire courte. Je propose, pour vous la rafraîchir, de relire (lire ?) les pages admirables de l’abbé Héry dans son livre capital "Non lieu sur un schisme"*. Vous y apprendrez les vraies raisons des sacres, les vraies raisons de la rupture des accords de mai 1988 et mille autres choses qui devraient vous convaincre que l’Institut du Bon Pasteur aujourd’hui, c’est la FSSPX d’hier plus l’aval de Rome tant souhaité par Mgr Lefebvre.

Abbe Philippe Laguérie

* "Non lieu sur un schisme" à commander auprès de Monsieur l’abbé Héry, 11 rue Edmond Costedoat 33000 Bordeaux ( prix : 24 euros)

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