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Reflexion d’un catholique attaché à la Tradition

vendredi 30 mars 2007, par Le secrétaire

Monsieur l’Abbé,

En tout premier lieu , soyez assuré que ma lettre n’est ni un piège ni animée d’une arrière pensée malicieuse ! Mais voyez simplement la réflexion d’un jeune catholique très attaché à la Tradition et l’interrogation d’un jeune père de famille inquiet pour l’avenir de ses enfants ...

Ma réflexion est la suivante :

Il me semble que le problème de la Tradition ne s’arrête pas qu’à la Messe (ce serait trop facile).

Mais il me semble que la Tradition c’est surtout de lutter contre le concile vatican II et ses graves erreurs !

Monseigneur Lefebvre disait : "...cette Eglise conciliaire est une Eglise schismatique , parce qu’elle rompt avec l’Eglise catholique de toujours . Elle a ses nouveaux dogmes , son nouveau sacerdoce , ses nouvelles institutions , son nouveau culte , déjà condamnés par l’Eglise en maint document officiel et définitif ... Cette Eglise conciliaire suit des chemins qui ne sont pas des chemins catholiques ; ils mènent tout simplement à l’apostasie ..."

Mon interrogation est la suivante :

Ne pensez vous pas qu’en acceptant le nouveau concile vous cessez le combat de la Tradition ? Ne pensez vous pas que vous baissez les bras face à cette difficile mais magnifique bataille pour l’Eglise ?

Ne pensez vous pas que vous trahissez vos trente ans de combat pour la Tradition en vous accommodant de l’Eglise conciliaire ?

Je vous remercie par avance de votre réponse et de la lumière que vous m’apporterez à ce sujet.

Soyez assuré de mes prières.

Je vous prie de croire, Monsieur l’Abbé, en l’expression de mes sentiments les plus respectueux.

Louis d’Ogny - Paris

Reflexion d’un catholique attaché à la Tradition

30 mars 2007 09:20, par Abbé Philippe Laguérie

Cher monsieur,

Je ne vous crois nullement animé d’une quelconque malveillance et votre parole me suffit largement là-dessus. En revanche, je vous sais très mal informé ; sans quoi vous ne pourriez pas écrire que nous acceptons le concile. Où donc avez-vous lu cela ? Qui diantre a pu vous le faire croire ? Alors que toutes nos déclarations, documents officiels et ce blog vous expliquent le contraire… c’est quand même très étrange et je me demande quelles influences vous pouvez subir.

La phrase de Mgr Lefebvre que vous citez en référence est vraie, comme constat des faits. Ce courant de modernistes fieffés qui a envahi l’Eglise à la faveur du concile a jeté des millions d’îmes dans l’apostasie silencieuse. Oui, tout cela est vrai, épouvantablement vrai.

Mais c’est à mon tour de vous poser des questions. L’église conciliaire existe-t-elle ? Si oui, ayez l’obligeance de me la définir théologiquement. Quels seront les critères d’une mutation de l’église conciliaire en Eglise Catholique, Celle, vous savez, fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ il y a environ deux mille ans ? Cette dernière existe-t-elle pour l’heure ? Quels en sont ses évêques ? Quel est son Pape ?

Il fallait, voyez-vous, qu’un évêque catholique eût le courage et la grâce de stopper la folie qui s’est emparée des clercs dans les années 60-70. Il l’a fait, bien fait, jusqu’au bout. Sur ce point précis, son charisme est parti avec lui, même si d’aucuns, qui ne l’ont pas, s’acharnent à prononcer des paroles qui ne sonnaient bien que dans sa bouche ; et quelle bouche. Les disciples de Jean-Baptiste ont douté et cette voix du Verbe n’a pas eu de successeur. On ne succède pas à Moïse, à Samuel, à David (même quand on s’appelle Salomon) à Saint Paul (même si on s’appelle Timothée) à Jeanne d’Arc ou Saint Vincent Ferrier…Vouloir arrêter le cours des choses avec de pareils numéros est contraire, tout simplement, au plan et à la sagesse de Dieu.

Mais attention, il y a plus grave. Vouloir refaire la théologie catholique sur le comportement d’un saint n’est plus seulement un regard nostalgique, mais peut devenir une doctrine hérétique, un comportement schismatique. Sur la grâce efficace Jansénius et Saint Cyran avaient manifestement raison contre les jésuites de l’époque pour le motif qu’ils étaient thomistes. Irions-nous pour cela justifier le traité de la fréquente communion, les convulsionnaires de Saint Médard, les délires de Quesnel et les révolutionnaires de 89 pour moitié jansénistes ? Quand bien même le miracle de la sainte épine serait authentique…Les zélotes qui entouraient le premier évêque de Jérusalem étaient garantis de fidélité jusqu’à la mort de ce célèbre « cousin » du Seigneur et des incontestables apôtres ; mais ils devinrent une secte politico-religieuse bien connue, les nazaréens, qui sera, quelques siècles plus tard, à l’origine de l’Islam… Les exemples de cette sorte foisonnent dans l’histoire de l’Eglise, dès lors que le charisme du héros disparu ne cède la place qu’à des bricolages hétérodoxes. Sauf à rester blottis dans le Magistère de l’Eglise.

Enfin vous semblez dire que nous baisserions les bras face au mal en passant purement et simplement à l’ennemi. Toujours ce présupposé, évidemment, sur le concile, tandis que vous nous maintenez votre confiance sur la messe. Je vous réponds aisément qu’il y a dans la guerre de tranchée, qui vous paraît la seule bonne, beaucoup plus de paresse et de peur que dans une offensive destinée à clarifier les lignes, regagner le terrain et faire des ennemis d’aujourd’hui des amis de demain. Là, il faut du courage, de la ténacité, aucune peur et, à y bien réfléchir, beaucoup plus de fidélité. Voila bien ce qu’il faut enseigner à vos enfants ; ça s’appelle chez-nous l’esprit missionnaire, cher à Mgr Lefebvre.

Avec mes fidèles prières en Notre Seigneur, Joyeuses Pâques.

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