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§ 25 de Lumen Gentium ?

mardi 20 février 2007, par Le secrétaire

Monsieur l’abbé,

Dans la longue lettre explicative du Cardinal Ricard , il est dit ceci :

"Lors de la création de l’IBP , les prêtres de l’institut ont déclaré accepter le doctrine contenue dans le n°25 de la constitution dogmatique Lumen Gentium , du Concile Vatican II sur le Magistère de Église et de l’adhésion qui lui est du"

Certains murmures (bienveillants bien entendu....) insinueraient que ce fut ainsi toute la constitution "Lumen Gentium" qui reçut votre adhésion sans réserve .

Pourriez-vous éclaircir ce point et nous dire en quoi consiste précisément le paragraphe n°25 de cette constitution ?

Recevez l’assurance de mes prières et de mes meilleurs souvenirs !

F . VALADIER

§ 25 du Lumen Gentium ?

20 février 12:54, par Abbé Philippe Laguérie

Cher Monsieur,

L’importance capitale de votre question et le fait qu’elle en recoupe de très nombreuses autres, me font abandonner d’urgence l‘accessoire pour le principal ! Parlons donc de ce fameux § 25 de Lumen Gentium dont effectivement nous avons reconnu la légitimité. Ce sera aussi le premier article de notre lien nouveau sur le concile « ad litteram ». Une pierre deux coups, en somme.

Mais attention : nous ne parlons que du § 25 et non pas de la Constitution dans son ensemble. Cette dernière contient des nouveautés telles que l’interprétation catholique à laquelle nous convie le pape et qu’il a lui-même initié (avec le fameux « subsistit in » du § 8, rectifié et, disons le, anéanti par l’encyclique « Dominus Jésus ») exige, après beaucoup de labeur, une intervention pontificale. Par exemple il faudra qu’on nous dise un jour si le « peuple de Dieu » du chapitre II est adéquat en tout (ou en partie !) à l’Eglise de Jésus-Christ du chapitre I. Je leur souhaite bien du courage.

Mais le fameux § 25 ne pose pas de problème et je m’en explique. Je ne peux le citer ici intégralement et j’invite les vrais théologiens à s’y reporter.

Il nous rappelle le fonctionnement du Magistère ecclésiastique, sous l’aspect formel de celui des évêques, puisque le chapitre tout entier leur est consacré. On nous rappelle que les évêques sont les docteurs authentiques, revêtus de l’Autorité du Christ. Qu’il n’y a d’évêques qu’en communion avec le Pontife Romain.

Je passe volontairement, pour y revenir après, sur l’assentiment qui leur est dû comme tels. Une simple parenthèse didactique.

On nous rappelle justement qu’un évêque pris isolément ne jouit absolument pas de l’infaillibilité de l’Eglise, et ceci jamais ! Pas même en groupe, s’ils ne sont pas tous « d’un commun accord ». On reconnaît là l’exacte doctrine du concile Vatican I. Il n’y a d’infaillibilité des évêques que pris dans leur ensemble, unis donc au Pontife Romain et quand ils convergent tous dans la doctrine enseignée. C’est le fameux magistère ordinaire universel, infaillible de sa nature, que les évêques soient réunis ou dispersés, peu importe.

Leur magistère solennel est également mentionné. Il faut alors qu’ils soient réunis en concile avec le Pontife Romain et qu’ils tranchent (décident) pour toute l’Eglise. Lorsqu’il s’agit de Foi ou de mœurs, dans ce magistère solennel, on doit, dit le concile à juste titre « adhérer à leurs définitions dans l’obéissance de la Foi ». On sait même que l’objet de l’infaillibilité de l’Eglise s’étend, dans tous ses modes d’exercice, au-delà du révélé (objet primaire) mais aussi à tout ce qu’il est nécessaire de préciser pour préserver intact ce dépôt de la Foi (objet secondaire).

Attention ici ! Jamais ce § 25 ou un quelconque autre document magistériel, ne dit que le magistère des évêques réunis en concile serait, de ce fait même, infaillible. C’est le fait de la décision, de la définition, bref de la solennité, qui confère l’infaillibilité et non pas leur réunion physique. Tous les documents disent même le contraire, pourvu qu’on y prête attention : le pouvoir des évêques est le même, qu’ils soient réunis ou dispersés. A ceci près que l’exercice de leur pouvoir solennel suppose leur réunion autour du Pontife (présent ou représenté). Mais nous faire croire depuis 30 ans qu’un concile œcuménique serait infaillible du fait qu’il se réunit, sans définition ni décision solennelle, ne relève plus de la Théologie mais du miracle ! Il faudrait nous faire croire d’abord que des gens sont a priori d’accord du fait qu’ils se réunissent. Il y a longtemps que ça se saurait et les syndicats auraient disparus de belle date. Si tel était le cas, alors le concile Vatican II serait infaillible, de l’infaillibilité du magistère ordinaire universel. On peut même admettre, si on veut bien le démontrer, que sur l’une ou l’autre thèse du concile, tel soit le cas. Je pense à la sacramentalité de l’épiscopat clairement affirmée et, semble-t-il, à l’unanimité. Mais admettre a priori la convergence doctrinale de milliers d’évêques sur des thèses tout à fait nouvelles pour bon nombre d’entre elles, est simplement malhonnête.

Je rappelle au lecteur, au cas où, que tous sans exception s’accordent à ne pas reconnaître un magistère solennel dans Vatican II, à commencer par le pape qui l’a promulgué… Les signatures des évêques sur les documents conciliaires, après les votes (dont aucun ne fut unanime), indique un assensus dans la promulgation canonique, mais certainement pas un assensus sur le texte lui- même pour cet évêque qui a voté « non » juste avant. Sauf à prendre les évêques pour des marionnettes ou recourir encore au miracle ci-dessus récusé.

Cette doctrine bien comprise nous permet d’affirmer qu’aucun texte du concile n’est infaillible du seul fait d’être là, du fait du concile lui-même. Ce qui ne veut pas dire, loin s’en faut, qu’il n’y ait pas de très nombreuses doctrines infaillibles dans le texte, évidemment. Les innombrables citations de l’Ecriture par exemple sont infaillibles, non pas du fait d’être citées là, mais du fait d’être révélées par le Saint Esprit lui-même.

Et qu’on nous permette d’insister sur ce point capital. Que ce soit les conciliaires inconditionnels, ou bien les sedevacantistes, ou encore quelques théologiens d’aujourd’hui plus papistes que le pape qui s’emploient à vouloir tout justifier dans le concile (alors que le pape lui-même demande d’en faire une herméneutique) tous pêchent par là ; parce qu’il est un vrai concile œcuménique Vatican II serait infaillible en toutes et chacune de ses parties : c’est faux ! Peut-on envisager seulement une herméneutique des canons du concile de Trente ou du concile Vatican I ?

L’avant dernier alinéa du chapitre traite de l’infaillibilité du pape telle qu’on peut la voir dans tous les documents antérieurs. Il précise encore le magistère solennel exercé dans la réunion des évêques avec le pape et constituants ensemble un unique sujet. Rien que de très classique en théologie.

Il nous reste à examiner l’assentiment dû au magistère du pape ou des évêques quand il n’est pas garanti par l’infaillibilité ; celui d’un évêque isolé, d’un groupe d’évêques ou du pape lorsqu’il n’utilise pas son charisme particulier bien connu. Deux erreurs sont à fuir en ce domaine.

Celle de prétendre, contre La Palisse, que ce qui n’est pas garanti par l’infaillibilité ne peut pas être faux voire même scandaleux. Les exemples abondent, hélas, et vouloir se fermer les yeux par respect pour un prélat est contraire à l’Evangile. Quand un évêque affirme en 1983 à la « Tribune Juive » que « le prosélytisme chrétien en milieu juif constitue une infidélité envers Dieu qui n’appellent les juifs qu’à la pratique du décalogue », cette petite économie de Jésus-Christ passé par pertes et profits fait mentir l’Ecriture et rougir les chrétiens…

Mais que, de soi, la parole épiscopale « demande une soumission religieuse de l’intelligence et de la volonté » qui peut sérieusement en disconvenir ? Les évêques de tous les temps ont parlé ainsi, et même plus fort (Je songe à saint Ignace d’Antioche ou à saint Charles Borromée). Une telle proposition n’a rien d’erronée ni de choquant ; elle est simplement vraie et souhaitable. Peut-on reprocher à ce § 25 de contenir des phrases qu’on aurait évidemment trouvées saintes et impérieuses sous de saint papes et de saints évêques. Le problème n’est pas du tout dans une telle assertion mais bien chez ceux qui nous empêchent une telle soumission pourtant due. Il ne faut pas tout mélanger !

J’en conclue qu’il n’y a aucune erreur dans ce § 25 de « Lumen Gentium », que je le signerai demain comme hier, et que je ne comprends pas du tout comment un chrétien (même échaudé) peut avoir l’audace de le contester. Je signale au lecteur qu’il peut retrouver toutes ces doctrines sur le Magistère dans un document officiel du Saint Siège, hélas passé inaperçu, rédigé par le cardinal Ratzinger et publié par Jean-Paul II, « ad tuendam catholicam Fidem » du 18 mai 1998. Il faut bien comprendre que ce ne sont pas les normes du Magistère qu’il faut bousculer, mais bien plutôt les évêques pour qu’ils aient à les respecter !

Pour en finir avec ce § 25, avouez que l’Eglise se porterait bien mieux si les évêques l’appliquaient : « Les évêques, en effet, sont les hérauts de la Foi qui amènent au Christ de nouveaux disciples ». A la bonne heure !

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