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Rapprochement avec les Orthodoxes

vendredi 7 décembre 2007, par Le secrétaire

Bonjour cher abbé Laguérie,

Il m’arrive quelque chose de particulier, je suis catholique
mais j’ai retrouvé une certaine ferveur en allant par hasard
un soir aux vêpres d’une église orthodoxe. Depuis j’y suis allé
régulièrement, à un moment j’étais presque à un stade de reconversion
mais qui ne s’est pas fait ( je suis resté 5 mois dans un monastère
orthodoxe )
Je ne me suis pas reconverti car depuis presque trois ans que je vais
dans cette paroisse je ressens pratiquement les mêmes gênes mais je ne
réalise cela que véritablement maintenant car j’avais comme des Å“illères
comme les chevaux.

Je sens que le rapprochement des deux églises ne se fera pas pour demain
car les orthodoxes sont, je ne trouve pas d’autre expression, un peu
en "secret society" société fermé mais peut-être est-ce de même pour les
catholiques. Je sais qu’il en a "certains" qui seraient heureux du
rapprochement.
et puis j’ai lu beaucoup d’écrivains orthodoxes ( Archimandrite Sophrony,
Kallistos Ware, Saint syméon le nouveau théologien )

Enfin voilà où je voulais en venir, À l’heure d’aujourd’hui je reviens
à ma religion qui est toujours la mienne ( il aura fallu que je passe par le
biais d’une autre, comme un peu une circonvolution où révolution ) car à
l’heure je ressens du regret et même un peu amer de ressenti de non-
acceptation ( et puis il y a le problème de ne pouvoir communier avec/
comme les "autres" )
Voila je voulais confier cela à un abbé et c’est le fruit du hasard vous
êtes le premier abbé avec un blog que j’ai trouvé.

Sinon je vais faire une retraite à l’Arche de Jean Vanier la semaine
prochaine pour entamer mon "retour".

Bien à Vous, cher abbé laguérie

Carl

Rapprochement avec les Orthodoxes

7 décembre 2007 09:00, par Abbé Philippe Laguérie

Bien cher Carl,

Votre beau témoignage est bien caractéristique du vide spirituel dans lequel se débattent des millions de personnes que l’horizontalité désespérante des cérémonies et des prédications ont détournées des paroisses catholiques. Et par là, de l’Eglise de leur baptême. Quelle pitié ! Je connais même un ancien jeune scout catholique qui est aujourd’hui...évêque orthodoxe.

Je ne leur jette pas la pierre, même si, par manque d’une formation sérieuse, on fait toujours une énorme bêtise en quittant l’Eglise Catholique. Dans votre malheur vous avez cependant de la chance : vous avez perçu chez les orthodoxes cet aspect "secret society" qui n’est rien d’autre que leur absence de Catholicité.

En revanche, je souhaite vivement qu’un rapprochement Catholiques-Orthodoxes aboutisse un jour. Tous les grands papes ont eu ce projet à cœur, comme le notre en ce moment. Un pape y est même parvenu : Eugène IV (1431-1447) qui, au Concile de Florence a prononcé l’union avec les grecs (1439), les Arméniens (1439), les Jacobites (1442), les syriens, les Chaldéens et les Maronites (1445). Le pape Benoît XIV réitèrera l’union avec les grecs en 1742. Je dirai même que le souci de l’union avec les orthodoxes est une garantie contre l’œcuménisme fou qui voudrait nous rapprocher des juifs en faisant l’économie de Jésus-Christ et des protestants en vidant notre Credo de toute sa substance (Eglise, Grîce, Sacerdoce, Sacrifice de la messe, Tradition : bref, une tout autre religion, au sens technique du mot).

On s’arrangerait assez facilement sur le "Filioque". Plus difficile serait de mettre fin à la très fîcheuse habitude qu’ont pris les Orthodoxes de remarier sacramentellement (invalide) une ou deux fois. Et qu’ils admettent enfin une véritable primauté du Pontife Romain, successeur quand même du Prince des Apôtres. Mais quel service ils pourraient nous rendre pour resacraliser notre liturgie occidentale dans une succession épiscopale fière d’elle-même ! On sait que quelques évêques orthodoxes ont salué le Motu Proprio de Benoît XVI comme une chose excellente et apte à les rapprocher de Rome. Comme quoi le véritable œcuménisme est nécessairement identitaire, dans la Foi, la liturgie, la succession épiscopale et la fierté apostoliques.

En attendant ces heureux jours, cher ami, vous devez conserver votre identité de baptisé catholique, sans compromis ni démission. La nostalgie de votre catholicisme d’enfance est certainement une grâce de Dieu, qui écrit droit par des chemins courbes, bien souvent. D’autant qu’on peut maintenant trouver chez nous doctrine et liturgie sérieuses.

Et prions, vous et moi, pour que le Pape Benoît XVI réalise ce nouveau tour de force au cours de son pontificat...que décidément nous lui souhaitons très long. Ad multos annos !

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