Accueil > Actualité > Réception de Simone Veil à l’Académie.

Réception de Simone Veil à l’Académie.

jeudi 18 mars 2010, par Abbé Philippe Laguérie

J’en arrive tout droit. Je ne vous parlerai guère de la manifestation. Une véritable armée de policiers, plusieurs milliers sans exagération, encerclait la Coupole de toutes parts et en empêchait physiquement l’accès. L’Etat policé dans ses plus grandes heures, et pas aimables avec ça. Ben Laden eût-il davantage mobilisé ? Les centaines de manifestants durent se parquer rive droite (!) en face du pont des Arts, le long du Louvre. Bien plus de CRS que de participants. Les organisateurs n’ont pas vraiment à pavoiser. Où étaient-ils, au fait ? L’heure, 14h00, n’était guère propice et obligée, il est vrai. Mais tout de même, où sont passées les troupes qu’on lançait si facilement sur ce genre d’opération dans les années 80 ?

Dans l’hémicycle, c’est la foule. Trois présidents de la République, deux sortants et l’actuel. Les académiciens, mais pas tous. Pas d’ecclésiastiques, honneur à eux, suivez mon regard ! Mais bien d’autres absents, les plus fins, qui avaient compris que ce jour-là n’était pas destiné aux Lettres Françaises, mais à une opération de marketing républicain.

La nouvelle académicienne, mal assurée, sans aucun art et écorchant bien des mots, dresse très convenablement l’éloge de Pierre Messmer, au fauteuil duquel elle succède. C’est le numéro 13, horresco referens, celui de Jean Racine, que je m’empresse de citer d’après la pancarte que je brandis :

« Je ne sais de tout temps quelle injuste puissance »
« Laisse le crime en paix et poursuit l’innocence ».

Seul moment d’émotion, parce que vrai, celui qui relate le Premier ministre d’alors, chargé par le général de dissoudre le 1er REP putschiste (il s’est emparé d’Alger sous la conduite de Denoix de Saint-Marc aux ordres du quarteron) alors qu’il en a fait parti autrefois, en Indochine. A la mort de Pierre Messmer, dans la cour des Invalides, où il refusera et sonnerie et discours par respect pour ses hommes… Un peu d’honneur sous la voute, la légion passe.

Vient le tour de Jean d’Ormesson, heureusement. Il est agréable à écouter, sa langue est belle, il cite notre sublime et insurpassable Racine qu’il appelle « le plus grand ». Phèdre et Bérénice, parlant d’amour. Il nous fait rire, aussi, en citant les innombrables inconnus du même siège, qu’ils nomment chacun « le commun des immortels ».

Rien à redire, au contraire, sur l’évocation de la famille Jacob et des incroyables souffrances de cette jeune-fille de 16 ans, nommée Simone, qui est arrêtée à Nice le lendemain de son bac et qui part pour quatre ans dans les camps de la mort et bascule dans l’horreur. Jeune, jolie et patriote laïque, comme sa famille. C’est le deuxième moment d’émotion, pour la même raison qu’il sent le vrai, l’inadmissible, le tragique. Son père, sa mère et un de ses frères y périrons. Elle reviendra, délivrée par les anglais, en 45. On lui apprend qu’elle a été reçue au bac…

Le troisième moment fort est évidemment la justification acrobatique et pitoyable, du « catholique » Jean d’Ormesson, de la loi qui porte le nom de l’élue. L’avortement reste toujours un drame, commence-t-il. Mais de nous citer tous les cas de détresse de l’époque, promus chaque fois en campagne médiatique. Comme si la détresse humaine, que nous savons tous immense, pouvait justifier en quoi que ce soit de donner la mort à un innocent et, pire encore, de légaliser ce meurtre à sa guise.

Mais Jean d’Ormesson a plus d’un tour dans son sac. Il cite le cas, plus récent, de cette enfant de neuf ans, au Brésil, violée par son beau-père, (elle fait un mètre-trente et pèse trente-six kilos) qui tombe enceinte de deux jumeaux. On se souvient tous de l’affaire. Sa mère l’a fait avorter et l’évêque de Recife ne trouve rien de plus malin que de rappeler la loi de l’Eglise qui sanctionne l’avortement d’une excommunication. Jusqu’où mène la couardise ? Et de tîcher de nous émouvoir avec ça. Franchement, M. l’académicien, c’est malhonnête. D’autant que vous semblez connaître la doctrine catholique et que vous avez, avec beaucoup d’adresse, fait peser, à mi-mots, une responsabilité sur l’Eglise en la stupidité d’un seul de ses membres, fût-il évêque.

Vous avez raison de dire que c’est le beau-père qui aurait du être excommunié. Là eût été son courage. La pédophilie, incestueuse ou non, lorsqu’elle est avérée, devrait faire l’objet d’une censure, de l’excommunication. Même si ce n’est pas dans le droit de l’Eglise (On devrait sérieusement y songer à Rome, par une « latae »), l’évêque a ce pouvoir dans son diocèse ( par une « ferendae ») et c’est ce qu’aurait dû faire l’évêque de Recife, au lieu de se retrancher courageusement derrière le droit de l’Eglise, contre une enfant de neuf ans et sa (pauvre) mère.

Je dis pauvre mère, parce qu’elle arrive bien trop tard dans cette histoire, celle-là. La morale catholique permet d’évacuer le fruit d’un viol, considéré alors comme un injuste agresseur. Voyez les bouquins. Elle aurait évité l’avortement et devait cela à sa petite, qui en avait assez vu, non ?

La petite n’encourrait aucune excommunication, n’ayant même pas l’îge requis de quatorze ans. Non plus que la lucidité, tant pour elle que pour la mère, d’ailleurs, on le suppose.

Quant à l’ordinaire de Recife qui fait de la publicité sur une excommunication inexistante et n’excommunie point le violeur incestueux : il n’engage que lui, M. l’académicien, et sûrement pas l’Autorité qui l’a investi. Et utiliser des procédés aussi prosaïques devant trois présidents de la République, dont deux sont complices, est indigne d’un chrétien. On respecte sa mère.

Je vous fais grâce de la suite. De l’amour, de l’amour, de l’amour, comme s’il en pleuvait. Aux dires de M. d’Ormesson, tous les français aiment Simone Veil. Ce doit être le fruit d’un referendum ou, à tout le moins, d’un sondage ? Si vous nous permettez, cher monsieur, d’aimer qui nous voulons et ne point nous dicter, en longues orgues, les trop rares délices de nos frêles amours…S’il vous plait. On a plus le droit de penser, en France ; laissez-nous du moins celui d’aimer.

Car l’audace que vous avez signalée chez Mme Veil ne vous fait pas défaut. Vous citez en longs vers l’exceptionnel Racine dans les exploits de Phèdre et de Bérénice, ces femmes qui avaient assez d’honneur dans l’esprit pour assumer tant d’amour dans le corps. Il reste ce fait brutal, incontournable, massif et désormais inscrit que vous resterez devant l’histoire l’académicien chrétien qui aura fait l’éloge (admirable il est vrai) de celle qui, après avoir subi dans sa chair l’extermination de 6 000 000 de juifs représente, à ce jour, la légalité de 7 000 000 millions de victimes tout aussi innocentes que les premières. La vie n’a pas d’îge, de nom, de qualité ni de visage.

Car voyez-vous, Mme Veil a des excuses que vous n’avez pas. Je ne parle pas seulement du passé, mais de votre esprit, de votre particule, de votre éducation. C’est bien plutôt à vous que je dédicace ce vers de Lamartine :

« La gloire efface tout »
« Tout, excepté le crime ».

Armand-Jean du Plessis, Cardinal de Richelieu, doit se retourner dans sa tombe, ce soir. Cette académie qu’il a protégée pour l’honneur, les lettres, la gloire de la France a dû trembler sur ses fondements. Que vous y ayez fait rentrer la shoah, selon votre expression, est tout à l’honneur de la France et du vôtre. Mais que ce train de l’honneur ait servi à camoufler celui de la honte est un bricolage répugnant qui vous rattrapera. Croyez-en au moins un spécialiste, André Chénier, qui va mourir dans quelques heures sous le couteau des assassins :

« Le bonheur des méchants est un crime des dieux ».

Messages

  • Monsieur l’Abbé, j’apprécie votre reportage et en particulier la part consacrée à d’Ormesson. Son indéniable talent et sa noble origine se fourvoient dans une platitude laborieuse concernant l’avortement. Honte à lui, bien sûr, mais il m’a toujours paru être un ludion. Suivant le Petit Robert, c’est :"un appareil formé d’une sphère creuse percée d’un trou à sa partie inférieure (et parfois lestée par une figurine) qui monte et descend dans un bocal fermé par une membrane, quand on modifie la pression."Bon courage, Monsieur l’Abbé.
    Willy

  • Monsieur l’abbé,
    je vous trouve ,et c’est naturel,très charitable avec feu l’académicien Pierre Messmer,qui fut un très contestable représentant de la vieille et belle Légion Etrangère.
    Je ne crois pas qu’il ait eu le moindre sentiment de compassion pour le Commandant Denoix de Saint Marc avec qui il ne servit point en Indochine.
    Le Cdt de Saint Marc passa plus de 5 ans dans les geôles de la République sans signe particulier de commisération de la part de celui qui n’avait qu’une référence:le général 2 étoiles !
    Plus grave:en 1962,ministre des Armées il laissa les harkis à leur sort épouvantable alors que ces hommes dépendaient de son ministère(quel horrible parallèle avec le berger qui laisse son troupeau être assassiné ! sans broncher !) Il opposa comme seule défense que ces hommes avaient été renvoyés dans leurs foyers avec une prime de démobilisation...Judas avait donc des disciples !
    Non il n’est pas possible d’oublier sinon de pardonner mais ne laissons pas l’Histoire se bâtir sur des faits totalement erronnés:la légende gaulienne en a déjà assez fait dans ce domaine !
    Honneur et Fidélité est la devise de la Légion:elle n’est pas méritée par tous et l’Académie n’est en effet pas le réceptacle de toutes les vertus chrétiennes.Courtoisement vôtre Alain M.Zeller

  • Mon Père,
    Que voulez-vous dire exactement par ces deux propositions contradictoires : "la morale catholique permet d’évacuer le fruit d’un viol" ..." cela aurait permis d’éviter l’avortement" .
    j’avoue que je ne comprends pas ? Toute élimination d’un embryon, même très précoce, n’est-elle pas un avortement ?
    L’embryon innocent peut-il être considéré comme un agresseur au même titre que le violeur ?
    Il me semble que la seule solution dans ce cas aurait pu être de confier l’enfant à l’adoption puisque la grossesse ne mettait pas la vie de la fillette en danger, d’après ce qui a été dit..

    • Madame,

      En vous répondant, je réponds aussi aux questions similaires de Mss de Penfentenyo, Hubert, Bonnerot, Hum, J.M.C. C’est vous dire que vous n’êtes pas seule... A ignorer cette possibilité attestée par la un grand nombre de moralistes et qui n’est en rien un avortement. Le D.T.C, article "viol" colonne 3068 sous la plume de A. Bride : "La violence accomplie, la victime peut encore se défendre en provocant l’expulsion ou la stérilisation du semen injustement introduit, afin de rendre toute conception impossible. Mais l’intervention devra être faite avant que la fécondation ait eu le temps de se produire (pratiquement dans l’heure qui suit la violence), sinon on s’exposerait à détruire un fœtus, ce qui n’est jamais permis". L’auteur renvoie, entre autres , à Génicot et Vittrant. C’est un cas de légitime défense. Une femme violentée (si elle le pouvait !) pourrait aller jusqu’à tuer son agresseur pour préserver son honneur. Tant qu’il n’y a pas conception, la semence est à équiparée au violeur, comme un injuste agresseur. C’est l’opinion de presque tous les scholatiques qui pensent que la conception n’est pas immédiate. Voir Prummer T II P 128, qui cite même Lev (12, 2).Uniquement en cas de viol, bien sûr.

  • Vous y étiez effectivement !
    Avec votre casque, nous nous sommes croisés quai Malaquais.

    De votre intervention, je ne retiens qu’une seule : « Les organisateurs n’ont pas vraiment à pavoiser. Où étaient-ils, au fait ? L’heure, 14h00, n’était guère propice et obligée, il est vrai. Mais tout de même, où sont passées les troupes qu’on lançait si facilement sur ce genre d’opération dans les années 80 ?  »

    Mais si nous devons comparer ces années avec ce qui se passe aujourd’hui, ne doit-on pas le faire aussi pour la presse ?
    N’y avait-il pas encore une certaine liberté de parole et une liberté de l’information ?

    Nous y étions et nous avons vu la presse. Que rapporte-t-elle aujourd’hui ?
    N’y a-t-il pas ici une forme de découragement à aller manifester comme à aller voter quand on sait qu’au final, les politiques sont sourds et les journalistes aveugles ?

    Hier, pour le monde entier et le temps d’une réception, les quais de Paris sont devenus un village Potemkine. 300 personnes ou 30 000 personnes auraient-elles changé les choses ?
    30 000 personnes et nous aurions été repoussé à Issy-les-Moulineaux !
    La marche pour la vie n’a pas eu plus d’échos.

    J’y étais et ma conscience est sauve !

    Voir en ligne : Où étaient les organisateurs ?

    • Cher Roland,

      Vous y étiez et votre honneur est sauf. Bravo. Moi, plus modestement, j’ai suivi les consignes et j’y étais aussi. J’ai sauvé mon honneur et j’ai perdu la face. De Saint Nicolas du Chardonnet, que j’ai dirigée quatorze ans, une telle mobilisation ne se serait pas contenté de quelques mails. Les lanceurs n’étaient pas là, sauf l’abbé Beauvais au nom de la Fraternité. Les organisations laïques qui avaient appelé leurs militants étaient absentes, les chefs tout comme leur troupe. M. d’Ormesson, de l’intérieur de la coupole, nous a mentionés, croyant que nous représentions encore une capacité de mobilisation. J’ai fait tois manifs contre Jacques Gaillot devant la nonciature, avec succès. J’ai mobilisé les troupes devant les blasphèmes ( Ave Maria, Je vous salue Marie etc.) elles étaient au rendez-vous et nous avons gagné. Adressez-vous aux "autres". S’il faut, je reprendrai mon bâton de pellerin. La vie est devenue virtuelle (bientôt 2000 lecteurs sur mon blog, aujourd’hui) . Mais un citoyen véridique sait encore qu’elle se fait dans la rue. La France est une cité, Polis, non encore virtuelle.

    • Monsieur l’abbé,

      Du temps où les email ne remplaçait pas les "militants", ces mêmes militants n’étaient pas encore démobilisés par les divisions, les départs et les désobéissances de leaders qu’ils portaient aux nues...A chacun sa responsabilité.

      D’autre part, si je trouve votre article bien envoyé contre le sieur d’Ormesson, je regrette profondèment qu’il passe sous silence la scandaleuse absence des évêques sous l’autorité desquels vous vous êtes placé.

      Oui, Monsieur l’abbén Ô tempora, ô mores...

    • Cher Léon-Pierre,

      c’est vrai que je ne résiste pas à la joie de vous publier sur mon forum. Parce que vous êtes un vrai militant. Maintenant, pour commencer par la fin, réjouissez-vous qu’aucun évêque ne fût sous la Coupole. C’est déjà admirable. Vous les vouliez dans la rue ? Ce n’est pas leur place, je crois. La seule arme offensive de Saint-Paul, c’est le glaive de la parole.

      Quant à ces leaders qui ne sont plus, voyez avec les chefs que vous vous êtes donnés. D’autant que je visais surtout les laîcs (j’ai signalé la présence de mon successeur). A ceci près qu’il n’avait guère ses troupes. Un peu d’embourgeoisement, voilà tout...

      Les temps sont durs pour tout le monde, voyez-vous. Raison de plus pour saluer, avec affection, un ami d’hier, un adversaire d’aujourd’hui, un frère de demain.

  • Monsieur l’abbé ,
    Vous nous faites une guirlande d’amours,délices et orgues et vous reprenez le terme peu académique de " quarteron ".Toujours est-il,que ce "quarteron" (Zeller, Challe, Jouhaud et Salan) avait un sens de l’honneur et de la fidélité à la parole donnée envers les humbles , les petits et les sans-grades (M.Messmer a gardé les honneurs et la fidélité à son patron),Ce sont ceux là que nous donnons en exemple à nos enfants et c’est dans cette race d’homme que se situe la vraie noblesse .Celle de M.d’Ormesson n’est qu’un vague vestige .Pourquoi exiger de lui au-delà de ce qu’il peut ,sous prétexte d’esprit et de particule .Vous me semblez mollir,M.l’abbé. Bien respectueusement . Marie de la Morétie

    • Chère Madame,

      Je parle du "quarteron" pour faire court. Chez De Gaulle ce terme est péjoratif et insultant. Pas chez moi : il est simplement un raccourci dans une recension qui parle d’autre chose. J’ai évidemment plus d’admiration pour ces mousquetaires quatre étoiles que pour les exécutants (!) des basses oeuvres du général deux étoiles.

      C’est un peu comme ceux qui me repprochennt d’avoir entériner le chiffre de six millions ! Quelle blague ! Le texte compare les sept certains au six affichés, c’est tout.

      Je suis sûr que vous éduquez vos enfants dans l’honneur et vous en félicite respectueusement. Et je leur souhaite, vers la soixantaine, d’être aussi "ramollo" que ça. Respectueusement.

  • Monsieur l’Abbé,
    faisant partie des dangereux agitateurs qui manifestaient de l’autre côté de la Seine, contenus par des gendarmes mobiles, j’apprécie votre relation qui nous décrit par le menu ce dont nous avons été privés, sans regret.
    Je suggère seulement une petite modification au texte lorsque vous évoquez M. Messmer : il n’a pas appartenu au 1er REP, créé - alors 1er BEP - en 1948. Ses services à la Légion se sont exclusivement déroulés au sein de la 13e DBLE.
    Petit détail, passant presque inaperçu à la lecture : "...lorsqu’elle avérée,...". Il me semble qu’il manque "est".

  • Merci pour ces lignes éclairantes.

    Ce qui est gênant dans cette cérémonie, c’est qu’elle confine au culte du Grand Etre dont parlait Auguste Comte. Je veux dire par là la tendance que peut avoir une société à s’adorer au point de devenir aveugle. La République célèbre le néant à travers une personne qu’elle survalorise. Simone Veil est devenue l’icône de la République, le point de repère d’une société qui, justement, a détruit tous ces repères. Cherchez l’erreur ! Il y a quelque chose d’inquiétant : en la personne de Simone Veil, la société - pardon : une certaine élite... - a trouvé le moyen de s’auto justifier. S. Veil reprèsente un peu cette société molle et consensuelle qui sait se réunir autour des "grandes causes" qui sont aussi vides que médiatiques (l’histoire de l’IVG ne doit pas survaloriser le rôle de S. Veil : un(e) autre l’aurait fait...). C’est parce qu’elle ne dérange personne qu’elle est devenue le propre symbole de cette société qui fait du surplace.

    D’où la présence des grands acteurs publics - trois Présidents... - et le prononcé d’allocutions, dont je doute qu’elles entrent dans les annales de l’Académie française. Il fallait que fût honoré le néant. Et c’est ce qui fut fait dans cette cérémonie. Il n’y avait qu’à voir le visage de l’actuel Président, complètement ébahi devant la nouvelle académicienne (alors qu’il avait annoncé la veille son absence). Il y a quelque chose de malsain.

  • Chrétiens catholiques l’un et l’autre, mon épouse et moi-même, oblats séculiers du monastère bénédictin du Barroux, appprouvons pleinement cet article fort bien fait de l’abbé Laguérie. Nous regrettons que nos deux courts articles, qui, avec moins de talent, allaient dans le même sens, aient été écartés l’un et l’autre, qui évoquaient une autre Simone, Weil celle-là, cette grande dame, normalienne et mystique, auteur inoubliable de "La Pesanteur et de la grâce", qui, si elle eût vécu jusqu’à nous, eût mérité, elle, à coup sûr, d’entrer sous la Coupole et de succéder au siège de Jean Racine.
    Retraité de l’enseignement supérieur, agrégé de Lettres Classiques, médiéviste, collaborateur de la grande édition (à paraître) du traité monumental de saint Thomas d’Aquin, le "De Ueritate", je crois pouvoir dire sans fatuité que je sais écrire, et peut-être même penser : ce n’est pas moi en tout cas qui aurais écrit l’article d’une outrageante trivialité : "l’Eglise est une structure perverse", qui a pourtant eu les honneurs de la publication sur le site. Nous étions tentés et, avec nous de nombreux amis, professeurs comme nous, de nous abonner à "France catholique" ; difficile désormais de nous y décider, en dépit des excellentes réponses auxquelles ce méchant factum a donné lieu. La complaisance de ce virtuose mondain de la parole qu’est Jean d’Ormesson nous a paru, à nous aussi, bien mal inspirée (c’est le moins que l’on puisse dire). Il est permis de penser que les choix de l’Académie ne sont pas depuis quelque temps, mais c’est une vieille tradition, à la hauteur du génie du grand Cardinal, son fondateur, grand homme d’Etat et grand thélogien (cf. son "Traité de la perfection du Chrétien", signalé à juste titre, dans son discours de réception, par Jean-Luc Marion). Mais les vrais candidats ont assez de valeur pour n’avoir pas besoin de se pousser. Si douloureuse qu’elle ait été, la déportation, non plus que les états de services d’une brillante carrière ou le symbole d’un certain féminisme n’étaient en eux-mêmes, croyons-nous, des titres suffisants à la consécra-tion académique.

  • Cher Mr l abbe Lagerie

    Vous auriez pu evoquer le discours "fougueux" de l abbe Beauvais pas mal comme furent les votres a cette paroisse que nous n oublierons jamais...

    Par rapport au petit nombre d opposants a cette intronisation de la Simone(le mot est mal choisi j en conviens) je suppose que vous y etiez ??

    Apres tout les Apotres furent au nombre de douze ?? Voyez ce qu ils ont reussi(bien sur me direz vous avec l aide de l Esprit Saint)

    Yasmina (convertie)

    • Chère Yasmina,

      Votre message me touche beaucoup. Quelle fougue, quel enthousiasme, quelle détemination ! C’est admirable. Je ne doute sûrement pas de la capacité de mon successeur à faire des discours fougueux. Tant mieux pour lui , tant mieux pour vous, tant mieux pour cette paroisse exceptionnelle.

      Oui, j’étais à la manif. Sinon, quel culot ! Mais comme simple manifestant. Et j’ai trouvé qu’il n’y avait pas de pepse. C’est tout. Bon, on fera mieux la prochaine fois.

      Et vous, vous y étiez ? Avec une telle Foi, une pareille détermination, je vous aurais repérée, non ?

      A bientôt, pour le prochain académicien scandaleux ; ça ne devrait pas tarder.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.