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1988 : Opération "survie ou non" de la tradition ?

jeudi 22 février 2007, par Le secrétaire

Cher monsieur l’Abbé,

Permettez à un ancien paroissien de vous interroger. Dans votre réponse à la question du 6 février portant sur la validité des nouveaux rites d’ordination vous ne doutez absolument pas de celle-ci. Dont acte.

Comment expliquez-vous dès lors que Monseigneur Lefebvre soit allé jusqu’à risquer l’excommunication ( peine suprême que vous avez sans doute partagée en son temps, bien que votre signature n’ait pas été requise au bas de la lettre collective du 6 juillet 1988....) plutôt que de laisser, par exemple, un Archevêque ou un Cardinal procéder au sacre des quatre postulants qu’il avait choisis ? Ne me répondez pas que le vénéré fondateur craignait uniquement que Rome ne lui imposât un "successeur" dont il n’aurait pas voulu. En effet, Monseigneur n’étant pas homme à dissimuler n’aurait pas manqué de nous en faire part clairement au cours de cette cérémonie qu’il voulait salvatrice. Cela ne fut pas le cas. Tout au contraire, Monseigneur à motivé son geste par le devoir où il se trouvait de ne pas livrer les catholiques fidèles aux mains des "évêques conciliaires dont les sacrements sont tous douteux".

De deux choses l’une : ou l’ordination épiscopale des "nouveaux" évêques, tel Son Excellence le futur consécrateur de Courtalain, n’est pas douteuse et l’opération survie de 1988 ne se justifiait pas...et les combats d’aujourd’hui ne semblent plus aussi vitaux (ce qui,avouons-le, rend relativement vaine notre résistance et ridicules nos gesticulations... à moins que le confort du "traditionalisme installé" nous tente...) ou bien ces nouveaux rites de consécration et d’ordination sont, pour le moins, entachés de doute et cela suffit pour justifier la résistance qu’oppose votre ancienne famille religieuse aux sirènes post conciliaires, à nourrir une sérieuse suspicion à l’encontre des futurs "prêtres" que vous ferez "ordonner" bientôt à Courtalain et, au delà, à considérer comme condamnable la collaboration des instituts "ecclesia dei" avec une hiérarchie dont les sacrements sont bâtards (autre citation de Monseigneur Lefebvre) et dont l’existence est peut-être douteuse...

Merci, cher monsieur mon ci-devant curé, de répondre à cette angoissante interrogation qui, je vous l’assure, n’émane pas d’un sédévacantiste mais d’un "sans grade" du 27 février 1977 qui vous à longtemps admiré.

M.Le Brémien Notre-Dame

1988 : Opération "survie ou non" de la tradition ?

22 février 2007 21:01, par Abbé Philippe Laguérie

Cher monsieur « du Brémien »,

J’ose espérer qu’après cette réponse vous me conserverez, à défaut de votre admiration défunte,néanmoins quelque estime...

Tîchons de mettre de l’ordre dans tout ça…et d’abord les vrais motifs de Mgr Lefebvre pour dénoncer, le 11 mai, le protocole d’accord du 5 mai signé par lui. Elles ne sont pas à supputer encore moins à inventer, Mgr ayant été très clair à ce sujet, et au nombre de trois ; la dernière assez méconnue d’ailleurs. Vous les trouverez dans le livre qui fait référence « Non lieu sur un schisme » de M. l’abbé Héry (pages 64-65).

a) l’impossibilité d’obtenir rapidement une date pour la consécration de l’évêque. « Ils attendent ma mort ».

b) l’absence de majorité (FSSPX) à la commission romaine qui patronnait le dispositif.

c) Et (surtout) une lettre subséquente de la Secrétairerie d’Etat lui demandant de rétracter ses erreurs, sans d’ailleurs préciser lesquelles.

Toute autre raison serait pure invention et consisterait à lire dans l’îme de Mgr Lefebvre ou à l’accuser de dol. A Dieu ne plaise !

Par quoi il est aisé de constater que les raisons avancées par vous sont sans fondement. Et en particulier une prétendue invalidité des consécrations épiscopales dans le nouveau rite. Trouvez-moi, cher monsieur, un seul texte authentique de Mgr Lefebvre là-dessus et je m’incline. La validité de la nouvelle messe (qu’il nommait pourtant « messe de Luther ») n’a jamais non plus été mise en doute. Pour la Confirmation, oui ; par défaut de matière (huile d’olive) ou de forme (fantaisies diverses).

Les raisons des sacres (à distinguer s’il vous plait des raisons précédentes sur la dénonciation du protocole) sont multiples et complexes. L’impossibilité d’avoir un évêque qui ordonnît dans le rite traditionnel et que ,Mgr Lefebvre décédé, il n’y en eût jamais plus… par exemple. Car nous serons tous d’accord là-dessus, c’est la ténacité de Mgr et elle seule qui a fait bouger les choses. C’est encore la puissance de sa fondation qui inspire respect (et crainte ?) aux novateurs sans frein. Mais les choses ont bougé et l’on peut aujourd’hui trouver un évêque catholique, à la consécration certainement valide, qui ordonne dans l’ancien rite. Merci Mgr !

Quand vous parlez de « gesticulations ridicules » je me demande qui aime le plus la FSSPX de nous deux, qui la respecte le plus. C’est le comble : vous vous interrogez sur les raisons du combat de la Fraternité saint Pie X quand moi, aujourd’hui comme hier, je n’en doute absolument pas ! Même si ses procédés en sont parfois totalement déroutants.

J’ai la joie de vous rappeler que les deux grands ténors français des sacres de 1988 sont aujourd’hui dans l’ I.B.P. et sont l’un et l’autre impénitents : l’abbé Aulagnier et moi-même. J’espère ne pas avoir à vous donner un jour la liste des opposants parce que vous y perdriez très certainement vos (derniers ?) cheveux.

Je ne mélange pas tout. En quoi mes démêlés avec la Fraternité seraient-ils de nature à saper les fondements de ses justes combats ? Qui se sent assez faible pour nourrir pareille crainte ? J’ai l’honneur de vous signifier clairement que je suis très heureux qu’elle soit là, indispensable. Les dérives que j’y ai signalées à bon droit nous font tous souffrir, moi le premier, ou plutôt le second après l’abbé Aulagnier. Le combat que j’ai entrepris de mener est plus difficile, plus périlleux peut-être ?

Je vous réponds que je ne l’ai pas choisi, que la difficulté ne me fait pas peur, que je ne regrette pas le « confort » des Prieurés ; tout simplement parce que j’estime que ce créneau là est celui que la Fraternité ne veut plus occuper alors que de toute évidence c’est le sien. Et vous verrez qu’elle y viendra un jour, comme l’y presse l’esprit missionnaire de son fondateur.

Et peut-être quand l’ I.B.P. lui aura démontré dans les faits qu’on peut le faire sans y perdre sa doctrine, sa liturgie et son honneur…

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