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La Messe, un combat gagné !

Article du journal Présent du 19 janvier 2022.

vendredi 25 février 2022, par Abbé Philippe Laguérie

Avis à quelques "théologiens" fumeux de la FSSPX qui se donnent pour les seuls n’ayant pas avalé toutes les doctrines conciliaires. Et avec beaucoup de modestie, comme d’habitude !

Présent – Mercredi 19 janvier 2022
RELIGION

— Monsieur l’abbé, pensiez-vous revivre un jour une période de chasse aux sorcières (si j’ose cette expression) vis-à-vis du rite traditionnel ?

— Oui et non ! Si l’on considère les causes profondes de la révolution liturgique des années soixante, l’infestation moderniste du brigandage de Vatican II (bien plus sinistre que celui d’Éphèse !), les mêmes causes produisant les mêmes effets : oui ! Malgré la tentative, qu’on peut dire aujourd’hui échouée, sous Benoît XVI, de rendre à la liturgie bimillénaire de l’Eglise ses lettres de noblesse, le personnel de l’Eglise est resté et demeure foncièrement révolutionnaire. « Un mauvais arbre ne peut porter de bons fruits... » Mais à considérer la violence des deux derniers documents romains (Traditionis Custodes et les réponses aux Dubia), leur mépris de la tradition liturgique, le cynisme des mesures adoptées, la rage même de destruction systémique qui suinte la haine, alors on se dit que le pape ne travaille plus « aux périphéries » mais bien plutôt sur une autre galaxie. On sait d’ailleurs de ses voyages que son orthodoxie est inversement proportionnelle au carré de son altitude ! Oui : consternation. Nous voilà revenus aux années 70, aux suspens a divinis, au « séminaire sauvage », aux « excommunications ». Odeur de poudre.

— Comment comprendre l’attitude du pape François : purement malveillante, ou simplement cohérente avec Vatican II ?

— Ne surtout pas perdre de vue que le pape actuel est un jésuite ! C’est la première fois et, j’espère bien, la dernière. Toujours, un jésuite préférera l’efficacité à la cohérence. Saint Ignace le savait bien, qui avait assujetti ses religieux à un quatrième vœu : celui d’obéissance au pape. Histoire de limiter la casse de ces génies (car la Compagnie en compte à foison). Que l’efficacité livrée à elle seule n’y devienne pas extravagance, présomption, mégalomanie, autoréférence. Les cardinaux l’avaient compris, qui jamais n’ avaient élu un jésuite. Un jésuite pape, sans supérieur donc, c’est un génie fou aux commandes d’ un Mirage ou d’un Rafale : garez-vous. Sans qu’il ne soit besoin de supposer au for interne la moindre malveillance. Allons donc, qui vous l’autorise ? Un jésuite peut vous assassiner quelqu’un Ad majorem Dei gloriam ; facile, si son supérieur n’ y trouve rien à redire et s’il manipule convenablement sa direction d’intention (cf. Les Provinciales). Au XVIIe siècle, ils avaient inventé tant d’ hérésies (probabilisme, molinisme, casuistique, etc.) que le pape dût leur imposer le silence. Et ils se turent ! Mais aujourd’hui, on ne voit pas bien, sauf Jésus-Christ lui-même, qui pourrait faire taire un jésuite sans supérieur... Au moins qu’il ne prenne plus l’ avion.

— Que pensez-vous de l’objection : « Ne vouloir célébrer que dans l’ancien rite est contester la valeur du nouveau » ?

— Là-dessus, je me dois d’être clair, après une période de silence diplomatique. Je suis de ceux qui pensent que notre refus absolu de la messe de Paul VI n’est ni affectif, ni disciplinaire, ni charismatique, etc. Il est théologal, théologique, dogmatique et moral. Absolu, quoi ! Le péché originel de cette querelle liturgique dé- testable dans l’Eglise, c’est l’inénarrable et folle audace du pape Paul VI de promulguer un nouvel ordo missae basé sur la recherche des experts, des F... M... et des protestants, et de mettre aux orties (avec des trémolos dans la voix) la messe des pontifes Léon et Grégoire, grands tous les deux. La liturgie catholique ne peut et ne doit être qu’une transmission de l’héritage des Apôtres. Une messe concoctée 19 siècles plus tard ne peut être qu’une ambition prométhéenne, une chimère romantico-libertaire, un populisme de mauvais goût, indigne de l’Eglise de Jésus-Christ. La promulgation du nouvel ordo missae de Paul VI est sans doute légale et valide, mais sûrement pas légitime. Ce qui va être très instructif dans cette crise, c’est le repositionnement d’un chacun : ceux qui survivent par diplomatie et dos ronds ecclésiastiques vont se noyer. Seuls subsisteront les passionnés de la vérité. Ayant passé ma vie à combattre, je suis heureux de constater que je vais mourir, non comme un retraité, mais comme un soldat.

— Comment envisagez-vous la question des ordinations ?

— Je laisse cette question au supérieur général de notre institut, M. l’abbé Gabriel Barrero, qui l’a bien prise en main et avec quelques belles perspectives, mais qui réclame à juste titre le silence...

— Y a-t-il selon vous un risque réel de rupture de transmission du rite traditionnel ? Si oui, quelles en seraient les conséquences ?

— Aucun, aucune ! La « bataille » de la messe catholique a été gagnée définitivement et irréversiblement par Mgr Lefebvre dans les années 80. Ce qui est fait n’est plus à faire ! Il y a des dizaines de milliers de prêtres de par le monde qui célèbrent la messe grégorienne et ce ne sont pas les gesticulations de quelque secrétaire romain ou de quelque évêque résidentiel, qui fait des heures « sup », qui y changeront quelque chose. C’est trop tard : nous avons gagné la bataille. Je ne suis pas de ceux qui spéculent sur un infarctus ou un AVC du pape : je trouve cela misérable, d’autant que le parieur pourrait bien faire les frais de son pari. Je sais par contre que TOUS les prêtres que je connais (à commencer par moi) ne passeront jamais à cette messe qui a ruiné l’Eglise d’Occident, d’Amérique et d’Afrique. Macron aura plutôt fait de vacciner les fœtus que François de nous imposer la synaxe de Paul VI. Avec 43 ans de sacerdoce, croyez-vous seulement que j’irai demander quelque permission à qui que ce soit pour célébrer la messe de mon ordination ?

Messages

  • Monsieur l’abbé,
    Je vous remercie pour tout votre courage et la lucidité que vous partagez avec nous, qui sommes perdus dans ce brouillard néfaste. J’ai un peu moins que vôtre âge, mais j’envie votre jeunesse et les projets optimistes qu’elle porte en elle. Sans le savoir, vous m’avez tant donné... Autour de moi, tant de mes amis ne comprennent pas mon affection chrétienne, avec un faible pour Notre-Dame de Fatima qui n’a cessé de me suivre et de me protéger toute ma vie, alors que je le mérite si peu. Cela m’attriste évidemment, mais je perçois le renouveau. Vous en portez la parole, nous vous écoutons, continuez et ne nous abandonnez pas.
    J’ai souvent espéré pouvoir un jour venir à votre office, y recevoir la communion et votre bénédiction. Cela viendra, j’habite si loin.
    En attendant, si vous pouviez me donner votre bénédiction, cela m’aiderait.
    Je prie pour votre cause, en pensant à tous les prêtres qui ont assuré mon éducation et inscrit leurs principes tout au cours de ma vie. Ils furent chacun extraordinaires, inoubliables, indescriptibles, je leur dois beaucoup et vous en faites partie.
    Respectueusement,
    Patrick Vanden Berghe

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