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Majesté de Dieu, humilité du Christ !

Ne pas confondre SVP

samedi 11 février 2023, par Abbé Philippe Laguérie

Etant donné que l’immense majorité du clergé et des prélats ne parle plus que d’écologie, d’accueil des migrants, de la déforestation amazonienne, de la couche d’ozone (dont-on se fiche complètement !) quand ce n’est pas de la Pacha-mama, du mariage des homos, du synode sur la synodalité et des innombrables scandales du clergé (comme s’il était corrompu intégralement) ceux qui veulent garder la Foi et sauver leurs âmes doivent impérativement se former par eux-mêmes avec les moyens du bord, àleurs propres frais si je puis dire.

Les sermons sont devenus un ramassis de fadaises indigestes, de banalités sans fin, de poncifs éculés… Jusqu’àl’hérésie pure et simple comme cette prétendue « Â Humilité de Dieu  » chantée en boucles interminables par une populace stupide qui confond, assimile et mélange sans vergogne l’insondable humilité du Christ-Jésus « Â Qui s’est anéanti Lui-Même  » avec la majesté infinie du Dieu Unique « Â Qui a créé le ciel et la terre  » et dont la sublimité fait trembler les anges eux-mêmes « Â Tremunt Potestates  ». Dieu n’est ni humble ni orgueilleux : IL EST ! Et infini dans son essence comme dans chacun de ses attributs. C’est vrai qu’un homme qui n’est pas humble, foncièrement, est forcément un gros orgueilleux, détestable. Mais prendre prétexte de la Kénose (anéantissement) du Christ pour nous refourguer un dieu de pacotille plus inoffensif qu’un papillon de nuit aveugle, faut pas pousser comme dirait l’autre ! Avec ce syllogisme ridicule àla clef : Le Christ est humble ; or le Christ est Dieu ; donc Dieu est humble . Aucune proposition universelle, double « Â supposition  » du Christ et donc 4 termes… Circulez, c’est faux.

Ceci est d’ailleurs la doctrine explicite de saint Thomas d’Aquin, le docteur commun. Il s’en explique avec sa clarté habituelle ; Il exalte l’incroyable humilité du Christ justement parce qu’il la récuse àDieu ; écoutons-le (SCG, IV , 55 , 20) :

« Â Il n’y de même aucun inconvénient àdire que le Christ a voulu subir la mort de la croix en preuve d’humilité. Certes l’humilité ne convient absolument pas àDieu comme le proposait notre 17ème objection. La vertu d’humilité consiste en effet pour chacun àse tenir dans ses limites, en ne se haussant pas vers ce qui est au dessus de soi et àse soumettre àson supérieur. D’où il est manifeste que l’humilité ne peut convenir àDieu qui n’a pas de supérieur mais se tient au dessus de toute chose. Mais s’il arrive que quelqu’un se soumette par humilité àun égal ou àun inférieur, c’est parce qu’il juge supérieur, sous un certain rapport, celui qui, absolument parlant, est égal ou inférieur àlui. Bien qu’elle ne convienne pas au Christ sous le rapport de la nature divine, la vertu d’humilité lui convient cependant sous le rapport de la nature humaine ; et la divinité du Christ rend son humilité plus digne d’éloge ; la dignité d’une personne ajoute en effet àl’éloge que mérite son humilité, par exemple quand, en raison d’une certaine nécessité, un grand personnage juge utile de supporter les plus basses mesquineries. L’humilité de l’homme-Dieu se trouve donc être digne des plus hauts éloges, pendant qu’il supportait les abaissements qu’il lui fallut souffrir pour le salut des hommes  »

La vérité catholique n’étant plus discernable, devenue illisible, dans le magistère clérical tous degrés confondus, il faut l’aller chercher où seule elle se trouve : dans la Sainte Ecriture. Des deux sources de la Révélation divine, la Tradition et l’Ecriture Sainte, seule cette dernière (àcette condition, évidemment, qu’on ne l’affadisse pas, elle-aussi, par des traductions délétères) nous livre encore et avec la vigueur et le sel dont elle a le secret, La vérité de Dieu et de son Christ. La Tradition, pourtant source de la Révélation, étant battue en brèche et détruite partout avec une haine diabolique, force nous est de l’abreuver àl’autre source. Saint Jérôme, le « Â Doctor Maximus  » de l’ Ecriture nous a prévenu : « Â La science du Christ c’est la science de l’Ecriture Sainte  » et vice versa.

Si donc vous voulez garder la Foi vous êtes obligé de recourir sans cesse àla Sainte Ecriture. Un simple exercice pratique vous le donnera àentendre immédiatement et mieux qu’un discours. Ecoutez saint Paul, le spécialiste du Christ, vous dire en quelques lignes toute la vérité sur son Maître insondable (Phil 2, 5-11) épître des Rameaux :

« Â Ayez-en vous les sentiments même du Christ-Jésus !

« Â Lui qui était de condition (forme, essence, Morphè) divine, Il n’a pas jugé retenir avidement (comme un butin : rapinam) le rang qui l’égalait àDieu (ce fait d’être l’égal de Dieu) ;

« Â Mais Il s’est anéanti (exinanivit, la kénose) Lui-même en prenant la forme de l’esclave, devenu semblable aux hommes et pour tout ce qui paraissait de lui (habitu inventus ut homo)

« Â Il s’est abaissé Lui-même en se faisant obéissant (il n’a pas àobéir àDieu puisqu’il est son égal ; il se rend obéissant, nuance) jusqu’àla mort et (quelle mort) la mort de la croix ;

« Â C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté et Lui a donné le Nom qui est au dessus de tout nom (Yahweh bien sà»r et non point Jésus qu’il a depuis son huitième jour) afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse (dorénavant au Nom de Jésus comme au Nom de Yahweh) aux cieux, sur les terres et dans les enfers et que toute langue proclame que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père  »

Messages

  • Monsieur l’abbé,

    Si le syllogisme que vous critiquez paraît en effet simplet, pouvons-nous tout de même le comparer avec la maternité divine de la très sainte Vierge Marie ?

    Je m’explique : que la Vierge ait participé uniquement au don de la nature humaine du Christ, nous y adhérons tous. Cependant nous disons bien qu’elle est la Mère de Dieu et non pas "la Mère de la nature humaine du Fils de Dieu"... puisque la maternité a pour objet la personne et non pas la nature.

    En transposant cela avec le sujet que vous traitez, àsavoir l’humilité, il est évident qu’elle ne peut concerner aussi que la nature humaine (cf. le texte de Saint Thomas d’Aquin). Cependant, nous ne disons pas de quelqu’un que sa nature est humble (ou orgueilleuse) mais bien que cette personne elle-même l’est (ou pas). C’est ce que semble dire Notre Seigneur Jésus-Christ : "Je suis doux et humble de cÅ“ur".

    Comparaison n’est pas raison, mais si ce qui précède est juste, alors je ne comprends pas comment pourrions-nous affirmer la maternité divine de la Vierge et refuser l’humilité de Dieu… sans pour autant chanter ce fameux chant, apparemment attribué àSaint François (?), mais dont l’hérésie concerne aussi l’eucharistie : "au point de se cacher dans une petite hostie de pain" (?!).

    Alphonse

    • Cher Alphonse,
      Veuillez d’abord accepter mes félicitations ; je n’ai jamais du répondre àune objection aussi pertinente et appropriée !

      Mais la réponse est simple, je crois. Entre la Vierge Marie et son Fils Jésus de Nazareth il y a un rapport de personne àpersonne. Une mère est la mère de la personne de son fils (et non point de la nature qu’elle lui a transmise). C’est parce qu’il n’y a qu’une personne en NSJC, celle du Fils de Dieu, que le concile d’Ephèse en 430 a défini la Maternité divine de Marie en la proclamant "Theotoxon", Mère de Dieu, en toute rigueur de termes. A condition toutefois qu’on aille pas penser que la Vierge Marie serait la mère de la nature divine, de la déité, ce qui serait absurde et blasphématoire.

      De même l’humilité est attribuée (ou non) àune personne et non àune nature, je vous l’accorde. Mais la question est de savoir en vertu de quelle nature (car Jésus en a deux !) vous pouvez attribuer l’humilité àl’unique personne du Verbe. La réponse est évidente et saint Thomas vous le dit, ce ne peut être que par la nature humaine. Or quand vous parlez de Dieu, Tel qu’en Lui-Même, vous ne faites aucune référence àla nature humaine qu’a pris le Fils. C’est sans doute au Fils de Dieu FAIT HOMME que vous attribuez l’humilité. Ce ne peut être àDieu en soi, indépendamment de ce grand mystère de l’ Incarnation. Quand vous dites "Dieu" vous parlez de sa nature, son "esse" divin, de son essence qui est d’exister, àlaquelle on ne peut aucunement attribuer l’humilité, jamais. Dieu reste Dieu, avant ou après le mystère de l’Incarnation, immuable. Le seul changement (et quel changement !) est du côté de la nature humaine. C’est làseulement que vous pouvez lui attribuer l’humilité, àsa personne divine (concedo) mais non pas en tant qu’Il est Dieu mais en tant qu’il est homme. Ainsi vous pouvez dire que Jésus-christ est humble (et comment) mais JAMAIS que Dieu est humble. Car la notion et l’être même de Dieu ne comportent pas de soi le mystère insondable de l’ Incarnation. Dieu est éternel et immuable. L’incarnation commence dans le temps et le changement est du côté de la nature humaine de NSJC...Bref, l’humilité commence avec et par l’Incarnation. On peut aller plus loin : le dessein, le projet et la décision de Dieu de nous donner son Fils en l’unissant àla nature humaine est éternel comme Dieu et ne comporte donc aucune humilité en Dieu. Sa charité y àsuffit :"Dieu a tant aimé le monde qu’Il lui a donné son Fils Unique..."

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