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Le Fils de Dieu

jeudi 27 novembre 2008, par Le secrétaire

Noël approche et remplit déjà nos îmes de joie, d’admiration et d’actions de grâces. Il n’est que d’y réfléchir une minute. Je vous propose de relire ensemble cette épitre admirable de la vigile qui n’est autre que la sublime adresse de Saint-Paul aux romains (1, 1-7) et en particulier les versets 3 et 4 où le mystère du Christ-Jésus resplendit dans toute sa force en trois formules de l’Apôtre de génie. Quelle puissance, mes amis !


« L’Evangile que Dieu avait promis auparavant par ses prophètes dans les Saintes Ecritures, touchant son Fils, né de la postérité de David selon la chair, déclaré miraculeusement Fils de Dieu, selon l’esprit de sainteté, par une résurrection d’entre les morts, Jésus-Christ Notre Seigneur ! »

L’Evangile, c’est Jésus à lui tout seul. Cette bonne nouvelle pour laquelle Saint-Paul a été mis à part (magnifique « segregatus » de la vulgate) par Dieu Lui-même et qui fait toute la fierté du héraut, elle concerne son Fils. Elle touche ce Fils. Occasion de rappeler aux pessimistes de tout poils que l’Evangile est une bonne nouvelle, la meilleure qui soit ou qu’on puisse même imaginer : elle touche le Fils, le concerne exclusivement. C’est Lui, cette nouvelle. Mêmes accents chez Saint-Jean, bien sûr : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il lui a donné son Fils unique », son « Monogène ».

Ce Fils de Dieu est devenu fils de David, en ce qui concerne la chair. « Factus » de la vulgate et, mieux encore « génoménou » du grec qui indique bien la venue à une nouvelle existence, selon la chair de David et, par là, une préexistence de ce Fils comme Celui de Dieu. Issu de Dieu, en Lui-même, ce Fils est l’issu de David par la chair. De la lignée de Dieu, il devient de la lignée de David. De la semence de Dieu, il devient de la semence de David.

Mais la discrétion de Noël, malgré la munificence angélique de ce jour béni, inconnue des romains de l’an 56, exige une déclaration, une manifestation, une attestation de ce fils comme Fils. Du fils de David comme Fils de Dieu. On sait que Saint-Paul va droit au but, en toutes choses. C’est la résurrection du Seigneur qui établit sans contestation possible la filiation première et éternelle. Ce fils de David, connu de tous comme tel, est déclaré, établi, démontré (Oristétos) Fils de Dieu dès sa résurrection d’entre les morts, à cause de la puissance de ce relèvement. Qu’on ne cherche pas dans ce texte quelque saveur nauséabonde d’une conquête de la divinité par Jésus. Tout Saint-Paul hurle le contraire. C’est sans doute la cause de la (mauvaise) traduction de Saint-Jérôme avec son « predestinatus » qui, il est vrai, traduit très mal le grec. Mais je commence toujours par rire quand un auteur me dit que Saint-Jérôme a fait un barbarisme (- 4 , quand j’étais à l’école !) dans sa version. Si ce traducteur de génie, qui avait accès à cinquante versions que nous n’avons plus et possédait toutes les langues concernées sur le bout des doigts, a traduit « Oristétos » par « Predestinatus », il faut se demander pourquoi ; plutôt que de lui coller une mauvaise note, ce que font beaucoup trop d’auteurs. Qui ne voit, à la réflexion, que Jérôme, justement, a voulu éviter le risque de laisser croire que cette déclaration comme Fils pourrait être une constitution. D’où ce « predestinatus », assez bizarre en effet, mais qui indique clairement l’antécédence du fait sur sa connaissance. Y ajoutant cette saveur, particulière à son texte, du dessin de Dieu qui patiente jusque-là pour faire éclater la gloire de ce Fils humilié.

Saint-Paul ne connaît (et pour cause) et ne veut connaître Jésus qu’à présent, dans sa gloire. Il va même jusqu’à rabrouer ceux qui se vantent de l’avoir connu dans la chair, puisque maintenant : c’est plus comme ça ! (2 Cor 5, 16) « Si nous avons connu le Christ selon la chair, à présent nous ne le connaissons plus de cette manière ». Il est clair pour Saint-Paul que le Christ qu’il proclame urbi et orbi est le Christ glorieux, dans la puissance souveraine que Lui confère pour toujours le triomphe de la croix par la gloire de sa résurrection. Celui du chemin de Damas qui éclipse de sa splendeur le soleil de midi à son zénith. La prodigieuse connaissance du mystère de la croix du théologien Paul vient de ce contraste entre la gloire de Jésus-Christ, qu’il sait pour l’avoir vue, et l’ignominie intrinsèque du supplice romain. Le Christ de Saint-Paul n’est évidemment pas Celui de la Foi (Saint-Paul moderniste !) mais bien le Christ historique ; mais la puissance de sa Foi et sa pénétration du mystère inclus dans l’histoire du Christ son séjour glorieux actuel et éternel ! Sur le chemin de Damas (et peut-être aussi en Arabie…) le Christ de gloire fait partie de l’histoire et se trouve impliqué dans nos vies bien plus encore que s’Il était encore sur terre. « Le Christ en vous, Espérance de la gloire ». C’est toute la jolie controverse devant Festus (Ac. 25, 19) : « au sujet d’un certain Jésus qui est mort et que Paul affirme être vivant ».

Reste l’incise étonnante qui justifie et explique l’acte de la résurrection : « selon l’esprit de sainteté ». Si cette remarque qualifiait la semence davidique de Jésus, on mettrait un E majuscule à esprit et l’on aurait simplement un paraphrasé paulinien de Saint Gabriel. « L’Esprit-Saint surviendra en vous… ». Mais non : c’est l’acte de la résurrection et non la kénose de l’incarnation que Saint-Paul justifie de la sorte. Plus précisément, c’est la puissance (dunamis) de la résurrection qui découle de et manifeste cet esprit de sainteté. La sainteté chez les juifs consiste surtout en une séparation, un mise à part, et donc une consécration. En ce sens Dieu seul est saint, « Le Saint » d’Israël, solus sanctus. La transcendance de Dieu est telle qu’Il est toujours unique, « l’un ». Le plus étonnant étant qu’Il Se puisse communiquer, ce qu’il faudra des siècles à faire admettre à ces juifs. On comprend mieux la pensée de l’Apôtre : la puissance de l’auto-résurrection du Seigneur est telle qu’elle manifeste de soi cet esprit à part de tous les autres : l’esprit divin du Dieu unique. La conclusion de l’Apôtre est toute sa Foi :

« Jésus-Christ Notre Seigneur » ou mieux alors : « Jésus, le Christ, Seigneur (aussi) de nous autres ». Car toute notre Espérance consiste à proclamer que ce Christ de Dieu, manifesté totalement à part par la puissance de sa résurrection, est aussi totalement notre par sa semence davidique et sa présence en nous. En deux lignes, où il imbrique la nativité et la résurrection, Saint Paul dit toute la Foi et l’Espérance chrétiennes.

Très joyeux Noël !

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