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Patience...

vendredi 15 juin 2007, par Le secrétaire

A M. Philippe ALLINGRY (Toulon)

Cher monsieur,

J’ai déjà traité de l’essentiel de votre question dans un précédent article de mon blog.

J’ajoute simplement aujourd’hui une précision.

De même que M. l’abbé Célier
affirme dans son livre que la justesse de la position de l’Institut du
Bon-Pasteur sera jugée sur les faits à venir (accueil ou non des évêques,
français en particulier), de même le bien-fondé de la position de la
Fraternité serait établi dès lors qu’il aurait été démontré qu’être ou ne
pas être en situation canonique avec Rome n’a aucune incidence sur la
collaboration avec les dits-évêques. Ne jamais oublier la sentence de
l’Evangile : "on juge un arbre à ses fruits".

La doctrine de la Foi étant sauve, puisse qu’elle est la même pour tous, la bonne position tactique est
celle qui porte le plus de fruits. S’il s’avérait, dans les mois à venir,
que le refus d’accueillir la Tradition liturgique, recommandée par Rome, et
désormais possible dans la parfaite légalité canonique comme dans le total
respect de la hiérarchie épiscopale, persistît cependant de la même manière
à l’égard de ceux que Rome accrédite comme à l’égard de ceux dont Elle
déplore la rupture, c’est qu’il s’agirait bien alors d’un refus de cette
Tradition liturgique elle-même et de toute recommandation romaine, canonique
ou liturgique. Nous n’en sommes pas là, Dieu merci, et l’exemple de
Bordeaux, comme bon nombre de contacts encourageants, nous donnent à penser
le contraire.

Mais je tremble déjà à l’idée et j’ose l’écrire dès à présent qu’un jour
pourrait venir où les dirigeants de la Fraternité Saint Pie X pussent se
prévaloir de notre sort pour conforter leurs positions et clamer haut et
fort qu’on nous a traités comme la Fraternité Saint Pierre, c’est-à-dire
comme la Fraternité Saint Pie X. En 18 années de son existence, la FSSP ne
s’est vue confiée, en France, aucune paroisse conséquente et sérieuse et
l’on a même cherché plutôt à lui grignoter ses acquis sociaux antérieurs !
Autrement dit, même traitement que saint Pie X, quelque révérence en
sus...

Le pire ne serait plus à craindre, hélas, il serait arrivé. Les
évêques, en faisant la sourde oreille à ceux que Rome compte dans sa
communion et encourage, auraient repoussé la FSSPX dans un schisme
triomphant et définitif, conforté sur les ruines d’une déchristianisation
vertigineuse et sans équivalant (85% de baptisés en 1965, 35% aujourd’hui) la
sauvegarde collective d’une autorité personnelle révolue, mis au chômage des
bataillons de prêtres jeunes et zélés et méprisé Rome à la face de tous ces
pauvres chrétiens qui ne demandaient, somme toute, qu’à avoir des prêtres
qui baptisent leurs enfants, leur rompent le pain de l’eucharistie, leur
pardonnent leurs péchés et, grand luxe, viennent prier sur leurs tombes.

Je ne peux me résoudre à ce scénario catastrophe et je fais tout mon
possible pour qu’il ne s’avère pas. Je n’imagine pas un évêque qui ne se
réjouisse de la prospérité de l’Eglise et ne saigne dans son îme devant son
humiliation. Et puisque bon nombre d’entre eux me font l’honneur de me
recevoir et même de lire ce blog, qu’ils ne trouvent ici que l’appel
confiant et suppliant de prêtres qui voudraient les aider et qui craignent malgré tout qu’ils ne ratent un tournant
historique sur quelque idéologie obsolète et caduque.

Vous êtes assis dans la chaire de Jésus-Christ et vous en détenez le prestige éternel. Vous avez
seuls le pouvoir de lier et de délier, fidèles et pasteurs, d’ouvrir et non
de fermer, d’amplifier et non de réduire, de construire et non de
détruire... Est-ce bien à moi de vous rappeler les graves enseignements du
Concile à votre sujet ? (Lumen Gentium § 25) : "Les évêques, en effet, sont
les hérauts de la Foi qui amènent au Christ de nouveaux disciples". (§ 27)"
L’évêque, envoyé par le Père pour gouverner sa famille, aura devant les yeux
l’exemple du Bon-Pasteur qui est venu non pour être servi mais pour servir
et donner sa vie pour ses brebis. (...) Il ne refusera aucunement d’écouter
ses sujets, qu’il aimera comme de vrais fils ; et il les exhortera à
collaborer activement avec lui. Puisqu’il doit rendre compte à Dieu de leurs
îmes, il lui faut, par la prière, la prédication et toutes les ressources de
la charité, prendre soin d’eux et aussi de ceux qui ne sont pas encore dans
l’unique troupeau et qu’il regardera comme lui étant confiés dans le
Seigneur". Comme le disait si justement le Cardinal Ricard à Lourdes, il est
grand temps de relire ces textes à nouveaux frais...

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