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Souvenirs de Salérans
mardi 20 mars 2007, par
Cher abbé,
J’ai souvent entendu parler de vous, notamment dans certaines émissions télévisées. Je vous connais d’une époque lointaine et le titre de mon mail sera sà »rement évocateur d’une jeunesse où vous n’étiez pas encore prêtre et où vous passiez vos vacances d’été à Salérans vers les années 1975-1976-1977 chez le RP Avril..
Je me souviens très bien de votre caractère fougueux et j’ai bien retrouvé dans les médias, l’abbé Philippe Laguérie que j’ai connu à cette époque.
Le propos de mon courrier concerne bien sà »r votre démarche que j’ai suivie sur internet et j’ai pu en mesurer toute la cohérence et surtout l’intelligence qui doit évidemment amener les catholiques traditionnels vers une démarche d’union et de réconciliation avec Rome.
Même si je ne pratique plus ma foi, je constate bien sà »r que tout ce rituel moderne n’est qu’une mascarade teintée de dérives diverses qui sont si loin du sacré que j’ai connu dans mon enfance à Salérans.
Il vous faut comprendre aussi que les traditionalistes sont rentrés pour la plupart dans une espèce de paranoïa protectrice au cours des trente années qui ont précédé et que beaucoup de temps sera nécessaire avant que votre démarche soit complètement intégrée et comprise. C’est d’ailleurs tout à votre honneur d’en être le précurseur.
Personnellement j’aime beaucoup la personnalité et l’intelligence de Benoît XVI. Enfin l’Eglise a trouvé un chef qui a du fond et qui n’a pas peur d’afficher la réalité de ses principes et de sa foi. C’’est vraiment ce qui manquait aux fidèles selon ma modeste opinion.
Je vous apporte donc mon soutien et vous souhaite de réussir.
Amicalement
Philippe Lerda
Ps : j’aimerai retrouver des anciens de Salérans dont les noms me reviennent en tête. Je vous les livre tel quel. Si vous avez des coordonnées à me transmettre ce sera un plaisir de les contacter.
Jean Baptiste Braun
Romaric Braun
Hervé Dupuy
Patrick Bocabeille
Yann Yves Lussiaud
Nicolas Fropo
Laurent Duchalard
Olivier Fouques-Duparc
Christian Malige
Franck Dallagnola
Gilles Perrin
Olivier Picard D’Estelon et son frère jumeau dont j’ai oublié le prénom
Richard Hanrot
Bruno et Sabine Colavito
Et j’en oublie sà »rement d’autres.........je me souviens de l’abbé Maraud et sa première messe en 1976 à Salérans, du Père Reynaud........
Souvenirs de Salérans
20 mars 2007 22:39, par Abbé Philippe Laguérie
Bien cher Philippe,
Votre message est bien sympathique et je vous en remercie vraiment. Je garde un très bon souvenir de mes années de Salérans et je dois beaucoup au Père Avril. Je l’ai revu assez récemment avec toujours la même émotion. Comment oublier ces colonies de 120 harkis de 5 à 16 ans des années 71 et suivantes ? Ils croyaient encore à la France mais la France ne croyait plus en eux, depuis longtemps. Quel gîchis épouvantable même si notre bon Père Avril a réussi à en baptiser un bon contingent. La masse a fait selon l’exemple que lui donnaient les métropolitains : 5 heures de télévision par jour et par personne, divorces à gogo, pilule pour toutes, et en désespoir de cause sont revenus au « dieu très clément et miséricordieux  », plus accommodant que le nôtre dans tous ces domaines.
Je vous félicite donc d’avoir gardé la Foi et vous encourage à y persévérer plus que jamais ! Ce n’est pas seulement le prêtre qui vous dit cela (normal) mais aussi le vieil ami moniteur. J’ai toujours pensé que se plaindre des malheurs des temps ne suffisait pas si l’on ne s’attelait pas à les pallier dans la mesure de nos faibles moyens. A cet égard votre jugement sur les tradis me paraît totalement excessif. Leur repli nécessaire ne leur est aucunement imputable : ils subirent une véritable persécution dès lors qu’ils essayèrent de garder non seulement le Foi mais aussi la pratique de la Foi.
C’est la raison qui vous interdit de les juger puisque, ayant laissé la pratique, vous n’avez pas eu à soutenir leurs combats ni à subir leurs épreuves. Reprenez donc le chemin de l’Eglise, la prière de chaque jour, la messe du dimanche ; une bonne confession devrait vous aider considérablement à ôter le fétu de paille de leurs yeux. Je vous parais un peu dur, mais puisque vous appréciez mon tempérament, j’en profite ! Je ne crois pas aux commentaires sur la religion ; toute espèce de sociologie en ce domaine m’est insupportable. La religion c’est Dieu et son Fils (surtout son Fils) à bras le corps.
A la limite : des statistiques. A notre époque de moniteurs il y avait en France 85% de baptisés dont 30% de pratiquants. Aujourd’hui que « nous  » sommes devenus de petits bourgeois bien au fait de toutes choses, il en reste 45 dont 5 de pratiquants. Quelles qu’en soient les causes, et elles sont multiples, nous avons tous les droits sans doute, mais surtout pas celui de jacter sur ceux qui ont essayé quelque chose. Ce n’est pas sans me rappeler le diagnostique du docteur Diaphoirus qui se déplace, avec honoraires, pour savoir « ce qu’il aurait fallu faire pour un homme qui mourut hier  ».
A y bien réfléchir, cette distinction entre chrétien pratiquant ou non pratiquant est simplement surréaliste. Un pianiste ou un violoniste qui n’a pas touché son instrument depuis 20 ans me paraît assez sà »r de lui en se déclarant tel, quelles qu’aient pu être ses prouesses passées. Je n’ignore pas que la Foi persiste tant qu’on n’a pas expressément rejeté le témoignage de Dieu en nous même et qu’avec le baptême et la reconnaissance de l’Autorité de l’Eglise elle suffit à faire juridiquement un chrétien. Mais imaginez-vous bien un chrétien du premier siècle qui se serait hautement déclaré non pratiquant devant saint Pierre ou saint Paul ? Simplement loufoque, le type. C’est avoir déconnecté entièrement la Foi de ce qu’elle promet dans la charité de Dieu : la vie éternelle. Occasion de citer saint Pierre : « si le juste se sauve avec peine, qu’en sera-t-il de l’impie et du pécheur ?  ». Il n’y a pas de vie de la grâce sans la pratique, alors même que celle là avec celle-ci ne laisse pas d’être passablement difficile.
Allez, j’arrête mon petit sermon, encore que vous auriez bien tort de ne pas le prendre au sérieux, pour vous donner les informations que j’ai sur les anciens du Père Avril. Les bonnes à tout le moins.
Hervé Dupuy est mort à 22 ans d’un très vilain et foudroyant cancer. Il a fait une très belle mort. C’est sà »rement celui qui a le mieux tourné de nous tous. Laurent du Chalard est marié et se portait très bien aux dernières nouvelles. J’ai perdu de vue Patrick Boccabeille après quelques années de sacerdoce (je parle du mien, bien sà »r !). L’un des deux Picard d’Estellan est un très bon moine du Barroux et je crois (à vérifier) qu’il ne dit que la messe de toujours. Raphaë l Figueras aussi, que vous n’avez pas nommé, et il est même sous-prieur. Son frère Olivier est un brillant journaliste de « Présent  ». J’ai revu, au mariage de sa fille, Dominique Vian, très bien marié, père de huit enfants environ et très bon chrétien, pratiquant.
Voila cher Philippe et très succinctement ce qui me vient à l’esprit. Mais je ne veux pas prolonger davantage pour que ce « blog  » ne devienne pas un carnet de potins fà »t-ce celui de vieux camarades qui racontent leurs campagnes. Nous dirons le reste en privé, si tu veux. Je te salue très cordialement, avec gratitude ; et je prie Dieu de te rendre à la pratique que tu n’aurais jamais dà » abandonner (ah, ces curés !). Je te bénis de tout cÅ“ur.